| | We both know love is not that easy | |
| Auteur | Message |
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Eleana L. Ewans
▌Date d'inscription : 31/12/2011 ▌Nombre de messages : 759 ▌Devise : Ce qui ne te tue pas te rend plus forte ▌Groupe : L ▌Humeur : J'ferais bien la fête tiens....
| Sujet: We both know love is not that easy Jeu 24 Mai - 22:00 | |
| Bon, bah vu que certaines (dont je tairais le nom mais qui se reconnaitront ) m'ont poussé à poster, je me lance dans ma première fic. Pour faire un petit historique de celle-ci, il faut savoir qu'à la base, je n'avais écrire qu'une OS dont je ne savais pas trop quoi faire, j'avoue ^^' Mais je l'ai fait lire à une d'entre vous qui a trouvé ça super et qui m'a poussé à en faire une fic. J'ai donc transformé cette OS en prologue Pourquoi ? Ca, c'est le point suivant Pour celles qui me connaissent bien, je pense qu'elles vont vite reconnaitre les personnes dont je parle dans le prologue. Pour les autres et bien, il s'agissait tout simplement d'une OS assez autobiographique même si j'ai changé les noms C'est pour ça que j'ai décidé de faire reprendre l'histoire deux ans et demi après les évènements racontés dans le prologue. Comme ça, c'est vraiment de la fiction pour le reste. ET NON ZAZOU ! Ce n'est pas de l'écriture défoulatoire ! Que je m'explique ! Même si au départ, c'est pratiquement de l'autobiographie, la suite n'en est pas du tout vu le choix de date ! Et même si un des personnages me ressemblent beaucoup vu qu'il me représente dans le prologue, ce n'est pas le cas dans la suite ! Elle me ressemble sans doute niveau caractère mais ça s'arrête là ! Je ne profite pas de cette fic' pour me faire des films, qu'on soit bien clair là-dessus. Voilà, maintenant que la petite mise au point est faite, je vous souhaite une bonne lecture et n'hésitez pas à me faire des commentaires bons ou mauvais bien sûr Prologue - Spoiler:
Prologue - Putain mais tu vas me dire ce qu’il se passe ?- Y a rien j’te dis !Nous sommes seules dans la rue plongée dans la nuit hivernale. Malgré ça, je ne porte qu’une veste en cuir par-dessus ma chemise et elle une veste de sweat, l’avantage du Sud par certains moments comme celui-là. - Tu te fous de moi ? Tu m’as fait la gueule toute la soirée alors que tu t’éclatais avec tous les autres mais y a rien ?J’avais trop bu, je l’avoue et je ne le regrettais pas. Oui, ce soir j’avais eu l’alcool mauvais avec elle, fuyant son regard, détournant le mien quand elle me parlait voire carrément la tête et perdant mon sourire dès que je la regardais. Mais comment lui dire que j’avais agi comme ça simplement contre moi ? Est-ce qu’elle aurait au moins pu me comprendre ? Perdue dans mes pensées, je continuais d’avancer en silence dans la rue quand elle me dépassa d’un pas vif pour se planter devant moi, m’obligeant à m’arrêter et à la regarder, pour la première fois depuis des heures, dans les yeux. - Gwen, tu sais que je déteste ça alors dis-moi ce qu’il y a bordel.Et que veut-elle que je lui dise ? Elle a débarqué la veille ici après s’être tapée près de 3h de train parce que je lui avais avoué ne pas avoir le moral du tout par SMS. Son simple « j’arrive ce soir » m’avait aussitôt rendu le sourire. On avait mangé chez mes amis d’ici à qui je voulais absolument présenté la fameuse Marie comme disait Chloé, ma meilleure amie dans cette ville. Cette Marie qui depuis la rentrée me faisait perdre tous mes moyens en flirtant avec moi alors qu’elle était hétéro et que nous étions amies. De très bonnes amies même. C’était la première personne à qui j’avais dit être lesbienne sans avoir attendu plusieurs mois. Non, je l’avais sorti au boulot cet été quand elle m’avait demandé pourquoi j’étais énervée et que je lui avais expliqué que ma copine du moment m’obligeait à choisir entre mes études et elle. Tout ça parce que je partais faire mes études 300km plus loin. Et on ne se connaissait que depuis une semaine Marie et moi. Et ce soir ? Oh, vu que mes amis d’ici l’avaient adoré la veille, ils avaient tenu à ce que l’on se refasse une petite soirée entre nous chez Chloé. Bien sûr cette fois, il y avait eu de l’alcool pour rigoler un peu plus que la veille mais vers 20h, Marie avait reçu un coup de fil qui ne m’avait pas enchanté du tout et j’avais forcé sur la bouteille dans l’espoir d’oublier que jamais je ne pourrais l’avoir. Quelle idée de se marier à 20 ans ? Avec un futur gendarme en plus ? Il y avait des filles vraiment pas nettes des fois. - Rien !Répondis-je de manière un peu plus sèche que je ne l’aurais voulu en l’évitant pour recommencer à marcher en direction de mon appartement. Bien sûr que si il y avait quelque chose mais comment lui dire ? Je n’ai jamais su parler. Et en plus, je ne comprends à ce qu’il m’arrive. Moi d’habitude si assurée et sûre de moi d’après mes amis, voilà que je ne savais pas ce qu’il se passait dans ma tête. J’avais craqué ce soir. Complètement même. L’alcool aidant sans doute, j’avais pris Chloé à part le plus discrètement possible, nous nous étions isolées dans sa chambre et j’avais craqué, m’écroulant le long de la porte de sa chambre. Je n’en pouvais plus de cette situation. Elle me rendait folle, je ne savais plus comment je devais agir, ce que je devais dire, faire, penser. Jamais auparavant je n’avais éprouvé quelque chose comme ça pour une fille, ni même pour qui que ce soit. - Putain tu fais chier à être un glaçon bordel. Tu sais très bien que je déteste quand t’es comme ça !Commence-t-elle à s’énerver dans mon dos tout en me suivant. Ca y est, le mot est prononcé. Glaçon… C’est la première à m’avoir clairement dit en face que j’en étais un. Elle aussi a peut-être un peu trop bu mais honnêtement, je n’en ai rien à faire ce soir. Je veux seulement qu’on me laisse seule avec mes émotions pour que j’essaye de mettre un nom dessus. Arrivée à mon studio, j’allume la lumière de l’unique pièce et commence à fermer la porte et les volets pendant que Marie part se changer dans la salle de bains. Je l’imite quelques secondes plus tard et finis par la rejoindre dans mon lit. Nous avions déjà dormir des dizaines de fois ensemble et cela ne nous dérangeais même plus maintenant, trouvant presque ça normal. Pourtant cette fois, allongée sur le côté, je lui tournais délibérément le dos et j’éteignis la lumière, nous plongeant dans le noir. Je n’ai pas envie de parler. J’ai peur de le faire d’ailleurs parce que je sais que j’ai bu plus que ce que j’aurais dû et que si je commence à parler, je n’arriverais sans doute plus à m’arrêter. Et oui, les dangers de l’alcool. Pourtant, je sens alors sa main se poser dans mon dos et je ferme les yeux tout en laissant échapper un soupir. - Gwen…. S’il te plaît…Murmure-t-elle calmement avec presque une petite pointe de tristesse dans sa voix. Je me suis toujours confiée à elle jusqu’à maintenant, elle souffrait sans doute que je ne le fasse pas ce soir. Mais comment lui dire ? Et c’est là que j’explose, toujours en lui tournant le dos. - Il y a que depuis des mois on se tourne autour et que je me dis que je devrais arrêter ça tout de suite à chaque fois. Mais à chaque fois, tu me relances et je craque parce que c’est toi. Du coup, ça recommence. Il y a que j’ai beau te prévenir d’arrêter de jouer à ce jeu avec moi parce que je risque de te faire plus de mal que tu ne le pense mais tu continues pourtant de le faire alors que tu sais comment finissent toutes mes histoires. Il y a que je t’ai ramassé à la petite cuillère il y a à peine 15 jours à cause de ton homme mais que tu recommences tes conneries et que je ne peux rien faire alors que je déteste te voir souffrir. Il y a que je suis complètement perdue sur ce que je ressens pour toi parce que c’est la première fois dans ma putain de vie que je ressens un truc comme ça pour quelqu’un. Mais j’ai pas le droit de ressentir plus que de l’amitié pour toi parce que non seulement tu es hétéro mais en plus et surtout, t’es mariée. Du coup je dois fermer ma gueule et encaisser en me contentant d’être amie avec toi pour avoir l’espoir de pouvoir te voir ne serais-ce qu’une heure tous les 15 jours parce que j’en ai besoin. Il y a que…. Il y a que je crois que je suis amoureuse pour la première fois de ma vie et que c’est de toi. Et si j’étais comme ça ce soir avec toi c’est parce que je n’arrive plus à supporter de croiser ton regard en devant continuer de jouer la bonne copine.Voilà, les choses sont dites maintenant… Plus de retour en arrière possible ma pauvre Gwen, t’a merdé sur ce coup. D’ailleurs, un silence commence à s’installer entre nous deux. Jamais j’aurais dû l’ouvrir putain, qu’est-ce qui m’avait pris ? Je sens sa main se retirer de mon dos. Voilà, tout est fini, je ne peux même plus espérer son amitié maintenant après ça, cette espèce de discours bidon et inutile. Pourtant, je sens alors une pression sur mon épaule, me forçant à rouler sur le dos et je me laisse faire, lassée par toute cette histoire. Je m’attends à ce qu’elle me dise clairement que ça ne sert à rien que je me fasse des films sur nous deux car elle est mariée et tout le tralala que je ne cesse de me répéter pour essayer d’arrêter ce jeu dangereux. Peut-être qu’en le disant elle, cela me fera plus d’impact. Mais non, ce n’est pas ce qu’elle fait. Il ne faut qu’une demi-seconde pour que je sente ses lèvres sur les miennes. Elle ne resta pas longtemps mais recommença rapidement et un peu plus longtemps. - C’est la première fois que j’embrasse une fille, lâcha-t-elle plutôt amusée. - Et alors ? Verdict ?- J’aime plutôt bien ça.Me répond-elle avant de m’embrasser une nouvelle fois, ses lèvres invitant les miennes à s’ouvrir et nos langues commençant à se chercher alors que nos mains parcourent le corps de l’autre. Non, il faut que ça s’arrête, à quoi je joue bon sang ? Reprenant mes esprits malgré les vapeurs d’alcool qui me poussaient à continuer, je finis par m’écarter légèrement d’elle. - Je peux pas.- Pourquoi ? J’suis si nulle que ça ?- T’es mariée Marie !- Ce n’est qu’un détail ça. Et il peut vite se régler par un divorce.J’abandonne les négociations, poussée par l’alcool qui me hurle de l’embrasser de nouveau. L’impression d’avoir attendu ça toute ma vie m’envahit peu à peu. Alors c’est ça l’amour ? Finalement peut-être que tous ces chanteurs et poètes ont raison, c’est une sensation magnifique. Cette fois pourtant, c’est elle qui arrête nos baisers et je devine son regard dans le mien malgré l’obscurité. - Je t’aime.- Je t’aime aussi C’est la première fois que je prononce ces mots pour quelqu’un d’autre que ma famille et en ne plaisantant pas. Et les frissons que je sens la parcourir me font comprendre qu’elle sait ça elle aussi et que ça ne la laisse pas indifférente.
Dernière édition par Eleana L. Ewans le Lun 28 Mai - 20:21, édité 1 fois |
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Eleana L. Ewans
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| Sujet: Re: We both know love is not that easy Jeu 24 Mai - 22:05 | |
| Chapitre 1 - Spoiler:
Chapitre 1 : Until we meet again Pour une fois, il pleuvait, chose plutôt rare pourtant au mois de mai dans le Sud mais que voulez-vous, c’est comme ça. Je venais à peine de finir ma journée de cours que je devais déjà me préparer pour aller bosser. Et oui, c’est ça les contrats étudiants dans les fastfoods, le vendredi soir, on bosse ! Mais bon, au moins, ça me permettait de me faire un peu d’argent en plus et j’avais rencontré pas mal de gens sympa là-bas. Ne voulant pas me tremper en faisant les 20 minutes de marche sous la pluie, je décide de prendre ma Twingo, ou plutôt celle que m’avait passé ma mère quelques mois après que j’ai eu mon permis. Quelques minutes plus tard, je me gare devant le restaurant et y entre avant de passer par les cuisines pour aller jusqu’aux vestiaires tout en saluant rapidement les gens qui sont déjà en train de bosser. Je m’apprête à entrer dans la salle sans même regarder le tableau pour savoir où j’étais ce soir quand j’entends la voix d’Elise, une des managers du restaurant, derrière moi. - Salut Gwen ! Je t’ai mis en prod’ ce soir, ça te va ?- Cool, bien sûr que ça me va, tu crois quoi ? lui réponds-je la main sur la porte de la salle de pause et avec le sourire. - Super. Par contre fais gaffe, au T1 y a une nouvelle. Elle a déjà bossé dans un autre resto de la chaîne donc ça va question rythme mais surveille quand même ok ?- Pas de soucis. C’est laquelle ?- La ptite brunette là-bas. Elle s’appelle…- Marie…Je n’ai pas pu m’empêcher de la couper en reconnaissant la jeune femme. Cela fait plus de deux ans qu’on ne s’est pas vu elle et moi d’où le léger choc que je ressens en la reconnaissant dans les cuisines. C’est une blague ? La coïncidence est beaucoup trop grande ! Moi qui pensais qu’on ne se reverrait plus jamais, il fallait qu’elle se fasse embaucher là où je bossais sous contrat étudiant, dans un même restaurant que celui dans lequel on s’était rencontré 3 ans plus tôt. - Tu la connais ?Me demande alors Elise, me sortant de mes pensées et me forçant à retirer mon regard de la silhouette de Marie, qui ne semble pas m’avoir remarqué, pour regarder ma supérieure. - Euh ouais… On bossait ensemble y a 3 ans quand j’avais fait un premier CDD dans ce genre de resto un été…. Bref, je vais me changer si je veux pointer à l’heure.Je pousse la porte sans attendre de réponse de ma supérieure, salue les 2-3 personnes installées en salle de pause et la traverse d’un pas rapide pour entrer dans les vestiaires. Une fois seule, je ferme les yeux tout en me mordant la lèvre inférieure, me mettant les mains dans les cheveux et en poussant un long soupir. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle fout là bon sang ? Aux dernières nouvelles, elle habitait à plus de 500km de là. Et là d’un coup, je me retrouve à devoir une nouvelle fois bosser avec elle. Calme-toi Gwen, ça va aller. De toute façon, depuis le temps, tu as refait ta vie et t’as rien à regretter. Décidant à me bouger un peu pour essayer de retrouver mon calme, j’enlève mon sweat et mon t-shirt avant d’ouvrir mon casier. Je suis sur le point d’enfiler le polo du restaurant quand la porte du vestiaire s’ouvre et laisse passer Marjorie, une des meilleures connaissances que j’ai faite ici, pour ne pas dire la meilleure. - Hey Gwen ! Ça va ?- Jusqu’à ce que je vois la nouvelle, ouais. Et toi ?- Qui ? Marie ? Aaaaah, d’un coup tu commences à te dire que tu vas peut-être tromper ta chérie ? lâche-t-elle sur un ton amusé en commençant à se changer elle aussi. - C’est pas drôle Marjo. Je la connais.- Sérieux ? Bah alors pourquoi tu dis que ça va pas ? Elle est super sympa !- C’est compliqué.- Bah explique alors. Je ferme la porte s’tu veux.- Non non, pas la peine t’inquiète c’est juste que…. Ok, en fait, je l’ai rencontré y a 3 ans. Elle bossait déjà dans le resto mais là j’avais travaillé pour l’été. Pour te la faire courte, elle était déjà mariée, on s’entendait super bien, blablabla, super proche et p’tit jeu de "oh ma chérie je t’aime" entre nous pour déconner. Puis elle m’a avoué un jour qu’elle commençait à douter de ses sentiments pour moi, on s’est tournée autour pendant 4 mois pour finalement sortir ensemble. C’était la première fois que j’étais amoureuse sauf qu’au bout de 2 semaines, elle s’est remise avec son mari, m’a largué comme une vieille merde et encore une semaine après m’a sorti une excuse tout bidon comme quoi j’avais trop changé, qu’elle ne me reconnaissait plus et qu’elle voulait que je sorte de sa vie. Bref, ça fait plus de deux ans que je l’ai pas vu et pratiquement autant que je ne lui ai pas parlé…- Oh putain… T’es sérieuse là ?- J’ai l’air de déconner ?- Putain….. La merde ! Et en plus moi qui lui dis depuis mardi qu’elle va trop bien s’entendre avec toi ! Oui, elle bosse depuis mardi et je lui ai vite fait parlé de toi en me disant que vu son caractère, vous alliez bien vous entendre.Ajoute-t-elle à mon regard interrogatif. Toutes les deux changées le temps de la discussion, je la regarde s’attacher les cheveux pendant que j’hésite à sortir de la pièce. - Tu vas faire quoi du coup ?Adossée contre les cassiers, je pousse un soupir avant de commencer à me redresser un peu et à regarder la blonde à travers le miroir devant elle. - J’en sais rien…. Tu veux que je fasse quoi de toute façon ?Je vois alors mon amie commencer à ouvrir la bouche pour me répondre quand la porte du vestiaire s’ouvre et laisse entrer Sonia, une autre fille qui bosse ici. - Pfiou, enfin fini. Courage pour ce soir les filles. Vous êtes où ?- Caisse.- Prod’.Nous venons presque de lui répondre en même temps Marjorie et moi mais elle semble pourtant avoir compris à son signe de temps. Je décolle enfin mon dos des cassiers, ne voulant pas parler de mes problèmes devant la maghrébine avec qui je m’entends bien mais sans plus. Je commence alors à me diriger vers la sortie suivie par la blonde quand Sonia nous souhaite un dernier "bonne chance" auquel nous lui répondons "bonne soirée". Je sais qu’au moment où je vais pointer et entrer dans les cuisines, la confrontation avec Marie sera inévitable et je ne sais pas comment réagir. D’un côté, je suis pressée de voir sa réaction quand elle se rendra compte que la Gwen dont on lui a parlé toute la semaine, c’est moi. Mais d’un autre, j’ai peur de ma propre réaction face à elle. Est-ce que je vais arriver à me comporter avec elle comme si rien ne s’était passé entre nous ? Comme si je la rencontrais tout juste ce soir ? La pointeuse indique 18h30 et émet un petit signal sonore tout de même discret pour rappeler qu’il faut pointer. Nous sommes 4 à commencer à cette heure-ci ce soir et pointons donc l’un après l’autre avant de rejoindre notre poste pour la soirée. Marjorie m’adresse un dernier signe d’encouragement avant de rejoindre les caisses, à l’avant du restaurant. Arthur commence déjà à plaisanter avec moi alors que nous nous dirigeons tous les deux à notre poste. Lui aussi est au T1 ce soir avec Marie, je sais donc que je vais pouvoir compter sur lui pour que l’ambiance ne soit pas trop étrange ce soir. Je ne suis qu’à deux pas d’elle quand la brunette se retourne face à moi et me reconnaît aussitôt vu sa tête. - Gwen ?- Marie.Réponds-je simplement sur un ton plus que neutre avant de la dépasser pour rejoindre le poste de production. Cette réaction de ma part me rassure moi-même. Finalement, je peux peut-être agir comme si tout était parfaitement normal. Une fois devant le bine, je demande à Elise, de l’autre côté de celui-ci, le niveau auquel on est et tout de suite après avoir eu sa réponse, je me mets au boulot. ***** - Gwen ?! Tu peux y aller, c’est 36 et on gère.- Ok ! Bon bah bonne soirée tout le monde et courage pour ceux qui font la close.Je finis d’emballer le plateau de sandwichs devant moi et redonne une dizaine des même plateaux métalliques empilés sur le côté de la table au T1 avant de quitter mon poste et d’aller dépointer. La soirée s’est plutôt bien passée et les seuls mots que Marie et moi nous nous sommes adressés concernaient uniquement le boulot. Au moins on est encore capable de communiquer un minimum même après tout ce temps. Je la trouve d’ailleurs assise en salle de pause, habillée en civil comme on dit ici, avec d’autres équipiers et Elise qui vient elle aussi de dépointer. Alors que je pousse la porte du vestiaire pour me rhabiller à mon tour, la manager s’adresse à moi. - Bah tiens Gwen, tu peux pas ramener Marie ? Il pleut encore plus fort que tout à l’heure et elle habite à une bonne demi-heure de marche apparemment.- Et son mari ? Il est mort ?Lâches-je d’un ton bougon tout en entrant complètement dans le vestiaire. Je ressens vraiment le besoin de me changer après cette soirée de boulot et de retrouver mon apparence normale. Je venais de balancer mon polo dans mon casier quand la porte du vestiaire s’ouvre suffisamment pour laisser passer la tête d’Elise. - Allez Gwen, sois sympa un peu. Y en a pour même pas 10 min en voiture.Je pousse un soupir en enfilant mon T-shirt. J’attrape mon portable dans mon casier et regarde rapidement l’heure dessus. 22h37, mouais, ça devrait être faisable. Je tape rapidement un "Fini !" par texto avant de l’envoyer et de me tourner de nouveau vers ma manager. - Bon ok. Mais j’espère qu’elle est pas pressée parce que faut que je passé chercher Eva à la gare avant.- Elle rentre aujourd’hui ? Je croyais qu’elle en avait pour encore une semaine.Lance alors Elise en s’appuyant contre l’encadrement de la porte tout en l’ouvrant un peu plus. Bah, ça me gêne pas au pire, de là où je suis, on ne peut pas me voir depuis la salle de pause. - Et non, c’était son dernier jour de stage là.- Ah donc ça veut dire qu’elle rentre définitivement là ?- C’est ça ! Enfin, jusqu’à mi-juin quoi.- Ouais mais c’est déjà ça. Bah c’est cool alors. Tu lui diras bonjour de ma part.Un dernier sourire l’une à l’autre et Elise retourne dans la salle de pause, me laissant finir de me rhabiller. Une fois cela fait, je ferme la porte de mon casier et reste encore quelques secondes devant le miroir pour remettre mon pierçing. J’attrape alors ma besace que je lance sur mon épaule et me plante devant la porte du vestiaire du côté de la salle de pause. Je pose mon regard sur Marie et nos regards se croisent alors. Deux ans et demi que cela n’était pas arrivé et il semble que cela nous fait quelque chose aussi bien à l’une qu’à l’autre. - Go ?Me contente-je de dire pour casser un peu cette ambiance bizarre qui s’installe autour de nous. En guise de réponse, je la vois se lever de la banquette et commencer à se rapprocher de moi. - Salut tout le monde. A demain pour ceux qui bossent.Nous sortons enfin de la salle puis du restaurant. Toujours devant Marie, je marche à pas assez rapides pour la plupart des gens mais tout à fait normal pour moi jusqu’à ma voiture. Une fois devant, je sors les clés de la poche avant de mon jeans et l’ouvre avant de m’installer comme si j’étais seule, sortant mon portable de ma poche pour le mettre sur le tableau de bord. J’estime que la brunette est suffisamment grande pour savoir ouvrir une portière de Twingo, s’asseoir côté passager et attacher sa ceinture toute seule. D’ailleurs je ne me trompe pas là-dessus. Je démarre le moteur peu de temps après que mon ex-amie a fini de s’attacher et commence une marche arrière pour sortir du parking. Le silence règne dans la voiture, lourd mais toute fois inévitable. Qu’est-ce que je pouvais bien lui dire après tout ce temps ? Après ce qu’il s’était passé entre nous ? Et elle, elle s’attendait à quoi ? A ce qu’on papote comme si de rien n’était et comme si rien n’était arrivé pendant ces trois dernières années ? - J’trouve que t’a bien assurée ce soir.- Merci… Toi aussi.Premières paroles en deux ans et demi et elle me parle boulot ? Je ne peux pas lui en vouloir pourtant, les mots sortent de manière mécanique, comme pour meubler absolument ce silence pesant. - Ca fait longtemps qu’on te mets à la prod’ ?- Un peu plus de quatre mois maintenant.- Ah ok… Et tu bosse là depuis longtemps ?- En Septembre, ça fera deux ans…- Ah bah normal qu’ils te confient la prod’ alors…. Je t’avoue que je ne t’aurais peut-être pas reconnue tout de suite si on s’était croisée dans la rue. T’as quand même pas mal changé depuis…. Depuis le temps.C’est vrai que je ne suis plus vraiment la même que deux ans et demi auparavant. Déjà rien qu’au niveau du physique, ça se voit. J’ai maintenant les cheveux plus courts qu’avant et avec les pointes rouges, un nouveau pierçing à l’arcade et pour le reste du corps, j’ai repris le sport depuis un bon moment, même si je n’en avais pas vraiment besoin. Mais du coup, j’ai une musculature qu’elle ne me connait pas même si elle reste tout de même assez discrète. - Toi par contre, à part les cheveux un peu plus longs, tu n’as pas changé.Je tente un coup d’œil vers elle et croise son regard. Elle a l’air de ne pas trop savoir comment prendre ma phrase et j’opte donc pour un léger sourire en coin pour lui montrer qu’il n’y a rien de méchant là-dedans. Elle y répond avec un sourire un peu plus grand que le mien juste avant que je ne reporte mon attention sur la route, le feu étant passé au vert. - Aline va bien ?- Oui, très bien même… Elle commence à se faire des nouveaux amis ici à la maternelle donc…. Et elle a un petit frère maintenant.- Oh, félicitations. Il s’appelle comment ?- Gaëtan.Ça en devient presque pathétique cette façon que l’on a de parler comme s’il n’y avait aucun tabou entre nous, aucun sujet à ne pas évoquer. Pourtant, lorsqu’elle me dit le nom de son fils, je ne peux m’empêcher de poser la question qui va sans doute tout faire basculer. - C’est lui qui l’a choisi ?Je risque un nouveau coup d’œil vers elle pour croiser son regard légèrement inquiet. Pas besoin que je précise de qui je parle, elle sait très bien que "lui" désigne son mari dont je déteste prononcer le nom depuis que j’avais dû la ramasser à la petite cuillère quand il avait dit vouloir la quitter quelques jours avant Noël trois ans auparavant. - Non… C’est moi…- Je vois.Je tourne de nouveau le regard sur la route, décidée à ne plus la regarder. Elle a beau avoir une sorte de tristesse ou de regret dans la voix, je ne peux m’empêcher de lui en vouloir d’avoir appelé son fils ainsi. Elle savait pourtant parfaitement que c’était le nom que j’aurais voulu donné au mien si j’avais un jour l’occasion d’avoir des enfants. Mon portable se met alors à vibrer sur le tableau de bord, me sortant de ce genre de pensée et me rappelant pourquoi je ne la posais pas directement à la gendarmerie. - On passe à la gare avant que je te ramène. Je dois récupérer quelqu’un.Dis-je toujours sur le même ton neutre pour lui faire comprendre que je ne veux pas aborder ce sujet. - Oui, c’est ce que j’ai entendu tout à l’heure… Eva c’est ça ?- C’est ça.- C’est la Eva que je connais ? Celle de ta promo.- Tu la connais seulement de nom je te signale. Mais oui c’est elle. Et elle n’est plus de ma promo, elle a redoublé sa première année.- Oui enfin, c’est elle quoi. Et vous… ?- Oui, on est ensemble.- Ah d’accord…. Je la croyais hétéro. Ça fait longtemps ?- Un an à peu près.- Ah ouais…. T’as vraiment changé alors.- Beaucoup trop pour que tu me reconnaisses et que tu veuille encore de moi dans ta vie.Ne puis-je m’empêcher de lancer sèchement et amèrement avec un petit rire assorti. Chose que je regrette d’ailleurs presque immédiatement quand je la vois baisser la tête du coin de l’œil, signe de son malaise d’après mes souvenirs d’elle. - Scuse moi. J’aurais pas dû dire ça…- Au contraire…. C’est une des choses qui m’a le plus manqué chez toi. Ta façon de dire clairement ce que tu penses et parfois même de dire tout haut ce que tous les autres pensent tout bas sans oser le dire. Et…. Et je mérite ce genre de réflexion de ta part…Et voilà qu’elle recommence à se poser en pauvre petite victime innocente. Mon dieu, ça, ça ne m’avait pas du tout manqué chez elle, bien au contraire. Je n’arrive d’ailleurs pas à retenir un soupir exaspéré alors que je prends un virage pour arriver dans la rue menant à la gare. Trouvant facilement une place sur le parking en face de celle-ci, je m’y gare rapidement, tire le frein à main et coupe le moteur avant de me tourner de nouveau vers Marie. - Je peux savoir ce que tu fous ici ? Aux dernières nouvelles, t’étais sensée vivre près de Bordeaux avec ta petite famille parfaite.Je la vois alors se tourner elle aussi vers moi, à la fois surprise que j’aborde ainsi le sujet mais aussi comme si elle était blessée par la façon dont je venais de lui demander ça. Alors qu’elle me fixe ainsi sans répondre, j’attrape mon portable sur le tableau de bord pour voir le message de ma copine m’indiquant que son train à 15 minutes de retard et maudissant la SNCF. Sa petite réflexion là-dessus me fait sourire, me faisant presque oublier la présence de Marie à côté de moi. Heureusement que je l’avais… - Romain a eu des problèmes avec sa hiérarchie sur Bordeaux et a dû être muté. Il avait le choix entre Quimper et ici et tu sais que je déteste le nord de la France. Et tu m’avais dit que tu comptais rester seulement deux ans ici il y a trois ans donc j’étais persuadée que tu n’étais plus là, réplique-t-elle sur un ton qui oscille entre l’agressivité et le défi. - Ouais, ça c’était y a 3 ans. Et j’te rappelle que j’avais dit ça uniquement parce que je voulais avoir un diplôme et poursuivre mes études plus près de là tu habitais parce qu’à cette époque, tu disais m’aimer. Alors explique moi pourquoi maintenant je changerais de ville ?- Va savoir ! En tout cas c’est sûr que maintenant que t’as ta Eva, tu vas pas bouger ! Elle l’a bien dompté le glaçon coureur de strings dis donc ! Tu crois vraiment que je vais régler ma vie sur la tienne ?- Ça te dérangeais pas en tout cas que je règle la mienne pour toi y a 3 ans ! Et fais gaffe à ce que tu dis d’Eva devant moi c’est clair ? J’me suis toujours retenue à propos de l’autre connard alors que tu savais très bien ce que je pensais de lui alors t’es sympa mais essaye au moins d’en faire de même pour elle. Et tu pouvais pas te douter que j’pourrais encore être là ? Marjo t’a parlé de moi toute la semaine mais jamais t’a pensé que j’étais encore là ? Noooon, j’me tape 100 bornes tous les week-end juste pour le plaisir de bosser là-bas !- Ca n’a rien à voir et ne mêle pas Romain à ça ok ? Il a rien à voir avec cette histoire. Et quand Marjorie m’a dit "Gwen", j’ai pensé à Gwendoline, pas à Gwenaëlle ! T’avoueras que c’est quand même plus courant comme nom !- Et le tableau des horaires ? T’as pas vu mon nom dessus ? Tu voulais tellement que je sorte de ta vie que t’en a oublié mon nom et mon prénom ?- Tu crois que je m’amuse à regarder les 3 feuilles ? On est pas sur la même je te signale ! Et comme j’ai vu qu’il y avait 2 Gwendoline qui bossaient là-bas, j’me suis pas poser de question. Arrête de penser que t’es le centre du monde !- Va te faire foutre.Finis-je par lâcher hors de moi en me détachant et en ouvrant la portière de la porte. Une fois debout, je claque violemment la porte tout en faisant gaffe de ne pas y mettre trop de force. Pas envie de défoncer ma portière à cause d’elle. Je sens la pluie sur mon visage et tire aussitôt ma capuche sur la tête. Hors de question que je retourne dans cette bagnole avec elle avant qu’Eva ne soit arrivée, quitte à être trempée. Je sors alors un paquet de cigarette de la poche de mon sweat et en prend une avant de réussir tant bien que mal à l’allumer sous la pluie. Et oui Marie, je fume maintenant, encore un truc qui a changé chez moi. Ces pensées me traversent l’esprit sans même que je ne regarde si Marie me surveille depuis l’intérieur de la voiture. Qu’elle aille se pendre elle. La cigarette me détend un peu même si c’est un peu dur vu la situation. Allez, calme toi Gwen, tu revois ta chérie ce soir, calme toi. Ma clope terminée, je jette mon mégot et appuie mon dos contre la portière de la voiture. Je ne suis pas encore assez calme pour faire de nouveau face à Marie seule. Voulant voir l’heure qu’il est, je me rends alors compte que j’ai laissé mon portable dans la bagnole. Et merde ! Et bah tant pis, j’attendrais sans savoir l’heure. Les mains dans la poche ventrale de mon sweat et le dos contre ma voiture, j’attends ainsi sous la pluie plutôt battante sans bouger. Au bout de peut-être cinq ou dix minutes, je vois quelques silhouettes sortir de la gare, indiquant l’arrivée d’un train. Celui d’Eva sans doute, il n’y en a plus tellement à cette heure-ci après tout. Il ne me faut d’ailleurs que quelques secondes de plus pour la reconnaitre parmi d’autres personnes et je me redresse sans tarder dans l’espoir qu’elle me reconnaisse également dans l’obscurité et sous cette pluie. Apparemment, c’est le cas vu l’allure à laquelle elle se dirige vers moi. Retrouvant le sourire à sa vue, je commence à ouvrir les bras lorsqu’elle n’est plus qu’à cinq mètres de moi pour la prendre dedans. Pourtant, la jeune femme ne l’entend pas de cette façon et ne ralentit pas avant que ses lèvres rencontrent les miennes et qu’elle m’embrasse assez fougueusement. Oh, ça ne me dérange pas plus que ça à vrai dire, au contraire. Au bout d’une quinzaine de secondes, elle finit cependant par se reculer légèrement tout en restant dans mes bras avant de me regarder dans les yeux. - Putain si tu savais comme tu m’as manqué.- Je crois en avoir eu un petit aperçu à l’instant, dis-je d’un ton amusé avant de rire légèrement en écho avec elle. Je finis par enlever mes bras autour d’elle pour prendre son sac. - Par contre, monte derrière chérie s’te plait. J’dois ramener Marie chez elle avant qu’on rentre.- Marie ? Marie comme LA Marie ? Celle d’il y a deux ans ?- Euh ouais… Apparemment elle a aménagé ici. Je t’expliquerais tout à l’heure. Monte, tu vas être trempée.Le regard et l’expression qu’elle m’adresse alors me montre clairement que je n’allais pas m’en sortir comme ça une fois que nous serons seule. Elle ouvre pourtant la portière et baisse mon siège pour passer sur la banquette arrière tout en saluant Marie pendant que j’ouvre le coffre pour y mettre sa valise. Je ne tarde pas à rentrer de nouveau dans le véhicule, complètement trempée à présent. Démarrant de nouveau le moteur, je n’ouvre pas la bouche alors qu’Eva et Marie commencent à parler l’une avec l’autre comme si de rien n’était. Quelle ironie quand même. Je les laisse parler ainsi tout le long du trajet et une fois devant la gendarmerie, Marie m’indique où aller pour me retrouver face au portail qui garde les résidences réservées aux gendarmes et leurs familles. Je me gare alors et la laisse sortir sans couper le moteur. Un dernier "bonsoir" et elle referme la portière avant de s’éloigner. Je tourne alors la tête vers Eva en train d’escalader l’espace entre les deux sièges avant pour venir s’installer à côté de moi, côté passager. - Pourquoi elle est de retour ?- Son connard de mari s’est encore pris pour un dieu et s’est embrouillé avec sa hiérarchie à Bordeaux. Du coup, il a été muté là.- Génial…. J’ai des raisons de m’inquiéter ?Son regard bleu plongé dans le mien, je devine parfaitement qu’elle me pose cette question à propos de Marie. Pour quoi d’autres aurait-elle pu me poser cette question ? Je pourrais bien sûr jouer à la fille stupide en lui disant que je ne comprends pas de quoi elle parle mais je la respecte beaucoup trop pour lui faire ça. Les mains toujours sur le volant, je me penche vers elle et l’embrasse tendrement. Je m’écarte légèrement peu après et, toujours penchée vers elle, je replonge mon regard dans le sien. - Je suis passée à autre chose Eva et depuis un bon moment, tu le sais parfaitement. Tu veux une preuve ? Rappelle moi depuis combien de temps on est ensemble ?Son léger sourire et son regard me suffisent comme réponse. Elle sait qu’elle n’a pas à s’en faire que Marie soit de retour, ça ne change strictement rien pour nous deux. Je l’embrasse de nouveau rapidement avant de me redresser. - Et si on rentrait maintenant ? Faut que tu me racontes tes quinze derniers jours sur Paris.Un dernier sourire à son adresse et j’actionne de nouveau une vitesse pour remettre la voiture en marche. Non, rien n’a changé entre elle et moi et rien ne changera. Je ne laisserais pas cette partie de mon passé détruire tout ce que j’ai construit depuis, premier amour ou non.
Chapitre 2 - Spoiler:
Chapitre 2 : Now there’s no way back from the things you’ve done Mon réveil indique midi trente passé depuis peu mais l’obscurité règne encore dans l’appartement. Cela fait pourtant un moment que je suis réveillée mais je n’ai pas la moindre envie de me lever, surtout qu’Eva est elle aussi encore allongée dans mon lit, les yeux ouverts depuis un petit quart d’heure. Aucune de nous deux n’a l’air d’avoir envie de bouger, contente de retrouver l’autre à côté d’elle au réveil sans doute. En tout cas, c’est ce que je ressens moi. Elle m’a manqué pendant tout ce temps où elle a dû faire des aller-retour sur Paris pour son stage, ne rentrant qu’un week-end toutes les trois semaines en général. - Tu crois que si on reste dans le noir et qu’on répond à personne ils nous foutront la paix aujourd’hui ?Finit-elle par dire dans un murmure. Je n’arrive pas un retenir un petit rire à sa question, oui, elle m’a vraiment manqué. Je bouge légèrement pour resserrer un peu mon étreinte autour d’elle et après avoir déposé un léger baiser à la jonction de son cou et de son épaule, je lui réponds sur un ton légèrement amusé. - Tu plaisantes ? On est beaucoup trop populaire pour ça, ils seraient capables d’envoyer les pompiers ou même la police.Cette fois, c’est à son tour de rire et je ressens presque des frissons en entendant de nouveau ce son. Elle bouge également pour coller un peu plus son dos à mon corps et poser ses mains sur mes bras. - Tu bosse aujourd’hui ? - Ouais… Je fais que l’aprèm normalement. Pourquoi ? - Pour savoir. Mes parents vont sans doute vouloir que je passe les voir alors j’voulais savoir quand je peux t’emprunter la voiture. - Y a pas de soucis. - … Marie bosse aussi ? - Rooooh, me parle pas d’elle au réveil Eva.Comment casser un bon moment en une question. Particulièrement énervée, je relâche l’étreinte autour de ma petite amie et me redresse dans le lit avant de m’asseoir sur le bord. J’attrape mon jeans de la veille et l’enfile rapidement avant de me lever complètement et de partir en direction de l’espace cuisine alors que j’entends Eva bouger dans le lit pour se redresser en position assise tout en pliant les genoux vers elle. - Et tu veux que je fasse quoi moi ? On en a pas entendu parler pendant deux ans et d’un coup elle débarque et s’installe là après ce qu’il s’est passé entre vous. Je te rappelle que tu m’a tout dit sur vous deux, alors tu peux quand même comprendre que je me fasse du souci non ?- Du souci à propos de quoi ? Tu veux qu’il se passe quoi Eva ?- Tu réagirais comment si mon premier amour venait s’installer là et que je bossais avec lui ?Tournant enfin mon regard vers elle, je croise le sien et ressens immédiatement un élan de tristesse et de culpabilité. Quand Marjorie parle de mon couple avec Eva, elle dit toujours que notre plus grande force est cette façon que l’on a de nous comprendre d’un seul regard, de régler certains problèmes simplement en nous fixant dans les yeux, et cet instant est peut-être l’exemple parfait pour illustrer les propos de la blonde. Parce que je peux lire de façon très claire la peur et l’inquiétude dans les yeux de ma petite amie. Elle croit vraiment que je peux retourner vers Marie ? - Je m’amuse pas à regarder ses horaires et j’en ai rien à faire qu’elle bosse ou non cet aprèm Eva. Et tu sais pourquoi ? Parce que j’en ai plus rien à faire d’elle et que je suis avec toi non pas par défaut mais parce que je t’aime.Les choses sont dites une fois de plus entre elle et moi et nous restons quelques secondes à nous fixer en silence. Elle finit pourtant par m’adresser un sourire en coin avant de se lever du lit et me rejoindre. A l’instant même où ses lèvres rencontrent les miennes, je comprends que j’ai dit ce qu’il fallait pour la rassurer. ***** - Hey Gwenou ! T’as fini ?- Et ouais, désolée ma belle, j’te laisse toute seule ce soir. Tu m’en veux pas trop ?-Oh non t’inquiète, je finis à neuf heures alors… Au fait, soirée chez moi après ? Et oui, Eva peut venir, moi aussi j’ai envie de la revoir !Je ris légèrement à la remarque de Marjorie. C’est vrai qu’elle et Eva s’entendent très bien et je ne m’en plains pas du tout, bien au contraire, c’est plutôt agréable. Les petites soirées chez Marjorie les samedis soir après le boulot étaient presque devenues une tradition dans le resto. Pas pour tout le monde bien sûr, juste les gens avec qui on s’entend bien et c’est vrai que depuis qu’Eva est partie en stage sur Paris, les soirées ont été un peu plus rare. La dernière remontait à quand d’ailleurs ? - Pas de souci. On vient te chercher à 21h alors ? Et j’apporte de quoi boire je suppose.- Tu sais que tu supposes très bien toi ? Eva serait pas là, j’t’aurais demander de m’épouser je crois ?Ajoute la blonde avec humour, me faisant rire de nouveau alors que je finis de me rhabiller. - T’es hétéro je te rappelle.- Et alors ? T’es bien Détournewoman non ?Achève-t-elle avec un clin d’œil dans ma direction et son éternel air amusé avant de sortir du vestiaire. Décidément celle-là. Une véritable petite tornade, d’ailleurs, c’est son surnom ici et elle en joue pas mal certaines fois. Toujours le sourire aux lèvres à cause de ma rencontre rapide avec Marjorie, je commence à me diriger vers la sortie du vestiaire quand la porte s’ouvre. Ma main n’étant qu’à quelques centimètres de la poignée, je recule légèrement et me retrouve nez à nez avec Marie. Sous l’effet de surprise, nous nous arrêtons toutes les deux et nous fixons quelques secondes, ne sachant plus quoi dire ou quoi faire. Elle finit pourtant par baisser le regardant en s’excusant à voix basse pour passer. Sans ajouter un mot, je la laisse passer et sors à mon tour de la salle puis du restaurant. Il va falloir qu’on s’habitue à ce genre de situation elle et moi si nous voulons bosser sans problème l’une avec l’autre mais… Mais c’est tellement bizarre entre nous deux que j’ai parfois l’impression que rien ne peut être normal entre Marie et moi. Eva ayant pris la voiture pour rendre visite à ses parents, me voilà à rentrer à pieds. En même temps, la pluie a cessé cette nuit et le soleil est de retour donc la marche est plutôt agréable. Même si nous ne sommes qu’au mois de mai, la ville commence à être envahie de touristes et plusieurs fois sur le chemin j’utilise mon anglais pour en aider quelques-uns. De toute manière, j’ai tout mon temps pour rentrer alors… Quand j’arrive enfin dans ma rue, je suis plutôt surprise de voir ma voiture déjà de retour. Moi qui m’attendais à rester seule durant une heure ou deux avant le retour d’Eva. Oh après tout, je ne vais pas m’en plaindre non ? En entrant dans l’appartement, je la trouve d’ailleurs assise à mon bureau, les yeux rivés sur l’écran de mon ordinateur portable en train de finir son rapport de stage. - Déjà rentrée ? Je t’attendais pas avant huit heures.- Non, mes parents étaient invités chez des amis donc je suis rentrée plus tôt. Mais j’suis contente de les avoir revus quand même. D’ailleurs, ils proposent qu’on aille manger chez eux demain soir, t’en pense quoi ?- Ouais pourquoi pas ? Au fait, Marjo propose qu’on aille chez elle ce soir. Elle finit à neuf heures donc… Qu’est-ce que ?Ayant posé mon sac à l’entrée après avoir fermé la porte derrière moi, je m’étais avancée vers ma petite amie pour l’embrasser quand je remarque une enveloppe posée bien en évidence sur la table. Voyant mon nom écrit dessus et reconnaissant le logo imprimé sur cette même enveloppe, je me stoppe nette et en oublie les paroles que je voulais dire à la brunette. - Elle était dans la boite aux lettres tout à l’heure quand j’suis allée voir et…. Et j’ai reconnu le logo de l’école d’Angoulême.L’école dans laquelle j’avais postulé un mois plutôt en croisant tout ce que je pouvais pour être acceptée. 1800 demandes par an en moyenne pour à peine 60 places, il y avait de quoi vouloir croiser le plus de chose possible non ? Et une des meilleures écoles de France dans le secteur où je voulais poursuivre mes études. Fébrilement, je tends la main vers l’enveloppe pour la saisir. Cette réponse, ça fait un mois qu’Eva et moi l’attendons. Moi pour savoir si oui ou non je serais acceptée et si j’allais avoir la chance de continuer mes études dans cette école et elle pour savoir si elle allait devoir postuler dans la même ville pour sa licence ou non. Oui, elle voulait me suivre là-bas si la réponse était affirmative malgré tout ce que j’avais pu lui dire pour qu’elle ne se sente pas obligé de le faire. - Putain je stresse Eva.- On sera deux alors mon cœur.Elle avait laissé en plan son rapport pour se tourner dans ma direction et nous fixons toutes les deux l’enveloppe que je n’ose toujours pas ouvrir. Pourtant, il le faut bien. Au moment où je commence à l’ouvrir, je sens plus que je ne vois Eva se lever de la chaise pour venir se placer juste derrière moi. J’ai presque fini de déchirer le haut de la missive quand je sens les bras de ma petite amie se placer autour de mes épaules. Plus qu’à prendre la lettre dedans et à la lire…. L’instant de vérité. ***** Le soleil commence à peine à décliner malgré l’heure, ça sent de plus en plus l’été et personne ne trouve à redire là-dessus. Encore en short et t-shirt à 21h, j’attends tranquillement que Marjorie nous rejoigne sur le parking du restaurant, assise sur le capot de ma voiture en train de fumer une clope. J’en suis à peu près à la moitié quand la porte du resto s’ouvre sur Marjorie suivie de près par Arthur et…. Marie. C’est une blague ? C’est fait exprès ? Pitié, dites-moi que oui ! Pourtant, la blonde en tête, le petit groupe se dirige vers nous comme si de rien n’était. - Evaaaaaaaaaaaaa !!S’exclame Arthur en voyant ma petite amie sortir de la voiture pour leur dire bonjour. Apparemment, elle n’a pas manqué qu’à Marjorie me dis-je avec le sourire en les regardant se saluer dans une accolade avant que la blonde ne les rejoigne. Tirant une nouvelle bouffée, mon regard croise celui de Marie qui a l’air de se rendre compte que je me suis mise à fumer. Donc non, elle ne m’observait pas hier soir quand j’étais sortie de la voiture. Je la salue d’un rapide hochement de tête avant de me redresser complètement et de rejoindre le petit groupe en pleines retrouvailles. - Hop hop hop, mesdemoiselles messieurs, on se calme s’il vous plaît. C’est la mienne je vous rappelle.- Mais t’inquiète pas Gwen, on le sait bien que t’es pas prêteuse.Rétorque Arthur avec un sourire amusé. - J’ai dit à Marie de venir avec nous ce soir ? Ca pose un problème ?Et comment que ça en pose un ! Les soirées chez Marjo le samedi soir sont synonymes d’amusement, rigolade et détente, pas d’embrouille, sous-entendu et règlement de compte ! Comme si, en plus, j’avais envie de faire la fête avec elle. Pourtant, je sais parfaitement que quoi que je dise, elle viendra quand même ce soir vu que Marjorie n’avait pas l’air contre cette idée. - Bien sûr que non, pourquoi ce serait un problème ?Mise à part notre passé commun ? Mais je ne peux pas sortir ça alors qu’Arthur ne sait pas ce qu’il y a entre Marie et moi et que je n’ai pas l’intention de le mettre au courant. - Y a qui d’autre ce soir ?- Elise finit dans un peu moins de dix minutes donc elle nous a demandé de l’attendre et Tom nous rejoins direct chez moi vu qu’il finit à 22h30.- Ok, bah on va attendre à l’intérieur ? Tournée de soda pour moi.Lâche Eva avant de commencer à rire, vite rejointe par Marjorie et Arthur. Marie de son côté n’a pas vraiment l’air de savoir comment agir, ce qui tombe plutôt bien car moi non plus. Elle est réapparue dans ma vie depuis à peine 24h mais déjà je ne sais pas comment me comporter face à mes amis quand elle est là. Et puis merde, j’ai dit à Eva que je ne changerais rien à cause d’elle alors il faut que je me ressaisisse. Je suis le petit groupe à l’intérieur, Marie derrière moi et nous nous installons à une des rares tables libres. Eva venant de proposer sa tournée, je l’accompagne jusqu’au comptoir où pas mal de monde attend encore pour passer leur commande. C’est sûr qu’un samedi soir… - Ca va ?- Oui, pourquoi ça irait pas ?- Oh peut-être parce que Tutur a fait le boulet et a invité Cruella à venir ce soir ?J’explose de rire à la réponse de ma petite amie, ce qui lui tire un sourire sincère sur le visage. J’avais oublié le surnom qu’elle avait donné à Marie quand je lui avais raconté mon histoire avec elle et j’avoue que le réentendre ce soir dans cette situation et sortant de la bouche d’Eva était plutôt comique. - On ne va pas laisser Cruella gâcher notre soirée non ?- Et comment ?! J’compte bien lui montrer que si elle tente quoi que ce soit, j’lui refais le portrait.Nouveau rire de ma part avant de l’embrasser rapidement. Nous arrivons vite à la caisse et commandons les boissons à Sonia que je salue au passage. De retour à la table, nous trouvons Elise qui vient juste d’arriver. De nouveaux saluts, une accolade de plus pour Eva et je commence à distribuer les gobelets à chacun pendant qu’Eva répond aux questions de ma supérieure. La conversation s’oriente d’ailleurs rapidement sur le séjour parisien de ma petite amie. - Bah super alors si tout s’est bien passé. Et pas de problème pour ton retour ici ?- Cruelle, cruelle diablesse.Commence alors à chantonner Eva d’un air parfaitement innocent en reprenant la chanson de la célèbre méchante du dessin animé des 101 Dalmatiens. Ne m’attendant pas du tout à l’entendre sortir quelque chose comme ça, je ne peux m’empêcher d’exploser de rire avant de m’étouffer. Et oui, j’étais en train de boire et je ne tarde pas avaler plutôt difficilement ma gorgée avant de me débarrasser de ma paille pour me calmer légèrement. Bien sûr, personne d’autre autour de la table n’a compris pourquoi Eva venait de chanter ça, provoquant mon rire mais je sens tout de même le regard de Marie sur moi. - Une voisine de Gwen qui n’a pas l’air ravie de me revoir. Tu comprends, un couple de lesbienne dans le même immeuble qu’elle ! Enfin bref, je la surnomme Cruella et à part ses petites réflexions ce matin de sa part, rien à signaler.Explique Eva d’un ton parfaitement naturel, me prouvant une nouvelle fois sa capacité impressionnante à improviser dans des situations comme celle-là. Cette histoire a l’air de convenir aux quatre autres personnes assisses autour de la table. Marjorie me demande alors ce que j’ai pris pour ce soir. Comme d’habitude à vrai dire, bière, despé, tequila et vodka. Et une petite surprise en plus comme le fait remarquer Eva mais malgré les demandes d’Elise, Arthur et Marjorie, nous ne cédons pas et ne leur disons rien. Encore une fois, Marie reste dans son coin bien qu’elle semble bien s’entendre avec Arthur et Marjorie quand ils ne nous parlent pas. Espérons que cela passe pour de la timidité aux yeux des autres. Nous sortons enfin du restaurant et nous répartissons entre la voiture d’Arthur et la mienne pour aller chez Marjorie et moins de quinze minutes plus tard, nous arrivons devant son immeuble. Eva cache rapidement la bouteille surprise dans son sac avant qu’Arthur et Elise ne viennent m’aider à prendre les autres boissons dans mon coffre puis nous montons dans l’appartement de la blonde. La maitresse de maison commence d’ailleurs à sortir des verres et le décapsuleur pendant que tout le monde s’installe dans le salon quand ma petite amie intervient. - Bon, tant pis pour Tom mais on lui en gardera mais avant de commencer par la bière, la surprise. Tu leur dit ou je le fait chérie ?- Comme tu veux.- Tu m’aides vachement je trouve, répond-t-elle d’un ton amusé, provoquant les rires des autres personnes présentes. Bon ok alors euh…. On a eu la réponse d’Angoulême pour Gwen et….. Et ce soir c’est champagne parce qu’elle est prise !- Sérieux ? Oh putain Gwen, c’est trop bien !Oui, c’est tout ce qu’il y a de plus sérieux et je comprends parfaitement les sourires que m’adressent mes collègues vu que moi-même j’ai du mal à ne pas sourire. Alors qu’Eva débouche la bouteille de Champagne pendant que Marjorie lui tient les verres pour qu’elle en serve, mon regard croise celui de Marie, assise de l’autre côté du salon dans le canapé. Oui, je n’ai plus grand-chose à voir avec la fille qu’elle avait laissé détruite il y a deux ans et demie. Aujourd’hui, elle peut voir une Gwen heureuse et stable en couple, physiquement mieux dans sa peau et mentalement aussi, qui réussit parfaitement ses études et vient d’être acceptée dans une des meilleures écoles de France pour la poursuite de celles-ci, et entourée d’amis sur lesquels je sais que je peux compter. Elle est loin la Gwen que tu as connu Marie, fais-toi à cette idée. La soirée se déroule plutôt bien et à l’arrivée de Tom et de sa petite amie, Marjorie se charge de les mettre au courant de ma réponse positive de l’école d’Angoulême. J’ai donc le droit à de nouvelles félicitations et je commence à me dire qu’il va falloir que je m’y habitue pour les prochains jours. Pourtant, c’est bizarre, je devrais moi aussi être euphorique non ? Alors pourquoi je n’arrive pas à être aussi heureuse qu’Eva pour moi ? Oui, je suis contente, n’allez pas croire le contraire, je suis même très fière mais…. Mais il y a quelque chose qui ne va pas. Il est près d’une heure et demie du matin quand Arthur s’excuse et dit devoir nous laisser, commençant tôt le lendemain matin. Elise le suit quelques minutes après. En faisant la conne avec Eva et Marjorie, je finis par casser mon verre et me couper avec. Rien de bien méchant, ça saigne pas mal mais c’est plus impressionnant qu’autre chose. Je me dirige donc rapidement dans la cuisine accompagnée de Marjorie pendant qu’Eva part dans la salle de bains chercher de quoi soigner ma plaie. La main sous l’eau, enlevant le sang au fur et à mesure qu’il coule, je finis par enlever le bout de verre qui est resté planté sous le regard à moitié dégouté et à moitié inquiet de Marjorie. - Ca va miss ?- Ouais ouais, t’inquiète. Ca picote quand même un peu mais ça va. Désolée de pourrir la soirée.- Oh t’inquiète, je pense pas que ça la pourrisse pour ça. D’ailleurs…. Marie m’a posé pas mal de questions toi. Et sur Eva et toi aussi d’ailleurs, lâche mon amie avec un petit air entendu sur le visage. - Comment ça ?- On dirait qu’elle voulait se renseigner sur ce que tu es devenue ces deux dernières années.Le regard toujours posé sur ma main qui n’a pas l’air de vouloir s’arrêter de saigner, j’émets un petit rire étouffé et surtout amer aux paroles de la blonde. - C’est un peu trop tard pour ça je crois…. Elle t’a demandé des trucs comme quoi par exemple ?- Du genre depuis combien de temps vous êtes ensemble Eva et toi, pourquoi vous êtes ensemble alors qu’elle la pensait hétéro, qui a fait le premier pas, comment ça se passe entre vous, si t’es toujours aussi fêtarde, toujours aussi grande gueule, si tu t’en sors au niveau des cours, comment t’es au resto et tout le tralala habituel.- Je vois… Et tu lui a dit quoi ?- La pure vérité Gwen. Que tu étais avec Eva depuis un peu plus d’un an maintenant, qu’elle était bien hétéro avant mais que tu l’as détournée, faisant une victime de plus à ton tableau de chasse, que c’était elle qui t’avait avoué ses sentiments en première avant que tu lui réponde que tu doutais des tiens également, que vous nagez dans le bonheur depuis que vous êtes ensemble, que tu es toujours aussi fêtarde et grande gueule, que tu t’es majore de ta promo et qu’au resto, tout le monde t’adore et que tu assures à n’importe quel poste. Tu vois, que la vérité.Nous nous sourions l’une à l’autre après cette réponse de la part de mon amie. Je commence à ouvrir la bouche pour la remercier et lui demander ce qu’elle pense du comportement de Marie quand celle-ci débarque dans la cuisine. - Marjo ? Euh… Eva ne trouve pas ce qu’il faut dans la salle de bains.- Ok, merci de prévenir, j’y vais. Laisse ta main sous l’eau Gwen.- Oui maman.Réplique-je amusé pendant que la blonde disparait dans le couloir. Je me retrouve alors seule avec Marie dans la pièce et un silence lourd s’installe immédiatement entre nous. La dernière fois que nous nous sommes retrouvées en tête à tête, c’était hier soir dans ma voiture et il faut dire que cela n’avait rien eu à voir avec les retrouvailles heureuses qu’on aurait pu imaginer. - Ca va ta main ?- Ouais…. Plus de peur que de mal.- Comme d’hab’ avec toi remarque. Bravo au fait pour Angoulême.- Merci et qu’est-ce que tu veux dire ?Lui demande-je honnêtement en tournant enfin la tête vers elle. Je peux alors remarquer qu’elle est entrée dans la cuisine et s’est rapprochée de moi. Ne voulant pas croiser son regard, je retourne à l’examen de ma main encore sous l’eau. - Simplement que d’après mes souvenirs t’es loin de pleurer pour le moindre petit bobo.- Normal pour un glaçon non ?- Pourquoi tu me remballe à chaque fois que j’te dis un truc ?- Et toi pourquoi tu te sens obligée de venir me parler ?- Gwen s’il te plait. J’ai pas envie qu’on s’engueule à chaque fois qu’on se retrouve dans la même pièce.- Bah y a une solution pour ça, suffit que tu sorte de la pièce.- Gwen putain ! Moi qui pensait que tu avais changé.- Pourquoi ? Parce que tu réalises que je m’en sors super bien depuis que tu m’as traité comme une merde ? Qu’est-ce que tu veux à la fin bordel ?- Te dire que je regrette ça te va ?!Hein ? Je viens bien d’entendre ce que je crois avoir entendu ? Je me tourne vers elle assez perplexe, ne comprenant pas où elle veut en venir et surtout pourquoi elle me sort ça comme ça. - J’étais complètement paumée il y a deux ans, je savais plus où j’en étais. J’ai toujours aimé les hommes et d’un coup, j’étais amoureuse de toi, une femme, alors que j’étais mariée et mère de famille.- C’est ce qu’on appelle se faire détourner ma grande. C’est bon ?- Non c’est pas bon ! Laisse-moi finir. Je… Je savais plus ce que je devais faire et je voulais protéger ma famille et ma fille avant tout et j’ai pensé qu’en te disant de sortir de ma vie, tout aller redevenir normal.- Ce qui est le cas apparemment, Gaëtan en est la preuve.- En apparence oui mais…. Mais en réalité, les premiers mois je n’arrêtais pas de penser à toi, je me forçais à ne pas t’appeler ou te parler pour savoir comment tu allais de peur de retomber dans cet enfer. Puis je me suis dit que tu devais me détester et j’ai essayé de tourner la page pour de bon. Je pensais avoir réussi à le faire puis hier, je t’ai vu au boulot, quand toi tu commençais et là… Là ça a été la grande claque. Je n’ai pas tourner la page, au contraire, j’ai toujours espérer au fond de moi qu’on finirait par se retrouver et qu’on règlerait les choses, au moins pour redevenir amies comme au début. Je… J’ai gardé tous les messages que tu m’as envoyés quand je t’ai dit de sortir de ma vie et parfois encore je les relis quand je sens que ça ne va pas. Je me rappelle d’une fille qui m’avait promis de toujours être là pour moi, je me rappelle d’une fille…- Pas la peine de reprendre un de mes messages ok ?La coupes-je sèchement. A quoi tu joues là exactement ? Tu crois quoi ? Tu m’as jeté comme une véritable merde il y a deux ans pour retourner avec ton mari qui s’en foutait royalement de toi vu qu’il avait sa p’tite gendarmette, tu m’as dit de sortir de ta vie et jamais tu n’as contacté qui que ce soit de mon entourage pour savoir si j’allais bien. Et mes messages, parlons-en tiens, est-ce qu’une seule fois au moins tu as pris la peine d’y répondre ? Ah mais oui c’est vrai, une seule fois pour me dire que ce n’était pas le moment et plus rien après. Et là tu débarque, fraîche comme une fleur, avec ton p’tit discours et tu me sors que tu regrettes ?.... Tu te fous de qui là Marie ? Tu crois pas qu’il est un peu trop tard pour les regrets ?- Ce n’est pas toi qui me disais tout le temps qu’il n’est jamais trop tard ? Gwen, depuis que je t’ai vu hier soir j’ai l’impression d’être retournée deux ans en arrière, quand j’étais complètement perdue et… Et…. Et j’ai envie de tuer ta copine à chaque fois que vous vous touchez, que vous vous embrassez et que vous vous regardez.- Comme ça on sera deux à vouloir tuer l’autre.La voix d’Eva nous surprend toutes les deux, poussant même Marie à sursauter. Je me retourne vers la porte de la cuisine pour voir ma petite amie l’épaule appuyée contre l’encadrement de celle-ci, de quoi soigner ma main dans les siennes. En voyant le regard froid et assassin qu’elle lance à Marie tout en restant parfaitement calme, je ne peux m’empêcher d’esquisser un léger sourire en coin. Je me rappelle maintenant pourquoi j’avais fini par tomber sous son charme. Avec son attitude froide mais parfaitement calme, il y a de quoi avoir froid dans le dos et elle est sans doute beaucoup plus impressionnante comme ça que si elle était en proie à une crise de nerfs ou en furie contre Marie. Pourtant, elle dégage un charme peut-être indescriptible à ce moment même, quelque chose qui a fait qu’au final, j’ai fini par lui céder mon cœur. - Tu dis que tu regrettes et tu lui fais un joli petit discours mais tu n’avais qu’à t’assumer à l’époque.- Comme si c’était aussi simple pour moi.- Ca l’a été pour moi en tout cas.- Parce que tu étais mariée et mère peut-être ?- Non et du coup, je ne me suis pas cachée derrière cette excuse pour ne pas assumer ce que j’étais. Parce que contrairement à toi, je n’ai jamais cherché à jouer les pauvres petites victimes innocentes pour faire souffrir les autres et revenir deux ans après pour s’excuser pitoyablement en croyant avoir la moindre chance. J’ai préféré assumer complètement, quitte à perdre des proches autour de moi pour pouvoir être avec celle que j’aime sans tabous, sans secrets et sans mensonges.Le regard de Marie quitte celui d’Eva qui commence à s’avancer lentement et calmement vers moi. Elle se maitrise parfaitement alors que tant d’autres auraient déjà explosé en cris face à Marie, et c’est peut-être pour ça que celle-ci a reculé d’un pas, volontairement ou non, à l’approche de ma petite amie. Le regard bleu/vert de Marie trouve alors le mien et semble chercher comme de l’aide dans mes paroles. Espère-t-elle vraiment que je vais prendre sa défense ? Et face à ma petite amie qui plus est ? - Ce n’est pas moi qui suis partie sans me retourner il y a deux ans.Finis-je par lâcher à son adresse d’une voix absolument neutre. Je vois alors des larmes commencer à monter dans les yeux de Marie et sans savoir pourquoi, je ressens immédiatement une sorte de douleur au fond de moi. - Et je serais toi, je referais exactement la même chose ce soir.Enchaîne Eva, comme pour achever la jeune femme qui détourne son regard du mien pour baisser la tête. Sans un mot de plus, elle finit par quitter la cuisine au moment même où Eva pose ses mains sur mes épaules. Sans vraiment savoir pourquoi, je ne peux m’empêcher de suivre Marie du regard le temps qu’elle dise au revoir à Marjorie, Tom et sa copine. - Et voilà, exit Cruella… Comment va ta main mon cœur ? Fais-moi voir ça.Je détourne enfin mon regard de la silhouette de Marie pour me plonger dans celui d’Eva. Oui, ma main, je l’ai complètement oublié avec toute cette histoire. En silence, je ferme le robinet et lève ma main vers ma petite amie pour la laisser s’occuper de ça, mes pensées étant déjà parties bien loin.
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Eleana L. Ewans
▌Date d'inscription : 31/12/2011 ▌Nombre de messages : 759 ▌Devise : Ce qui ne te tue pas te rend plus forte ▌Groupe : L ▌Humeur : J'ferais bien la fête tiens....
| Sujet: Re: We both know love is not that easy Sam 9 Juin - 16:02 | |
| Bon, je sais qu'il a un peu tardé à venir mais bon, j'ai eu pas mal de boulot ces derniers temps et j'en ai encore pas mal la semaine qui arrive. Au départ, je devais attendre de finir le chapitre 5 pour poster le 3, 4 et 5 justement en même temps, en réponse à Zazou Mais bon, vu le temps que j'ai mis pour écrire celui-ci, autant vous donner un chapitre pour vous faire patienter un peu Et ne vous inquiéter pas, le 4 est déjà pas mal avancer Bon, je me tais et je vous donne le chapitre, pardon pardon ^^ Oh et n'oubliez pas que je suis ouverte à tous commentaires Chapitre 3 - Spoiler:
Chapitre 3 : All the things she said running through my head - Alors ? Eva nous avait parlé d’une chose importante à nous dire.La mère de ma petite amie vient à peine de finir de nous servir le plat principal qu’elle met enfin, excusez-moi le jeu de mots, les pieds dans le plat. Nous sommes arrivées environ deux heures plus tôt, déjà parce que ses parents voulaient profiter un peu de leur fille après son séjour à Paris mais aussi parce que son père voulait me faire gouter une bière hollandaise qu’il a réussi à avoir via son travail. Je me rappelle parfois les premières semaines où Eva et moi étions ensemble. Durant deux semaines, elle n’avait pas osé le dire à ses parents par peur de leur réaction. Mais quand on voit aujourd’hui comment je suis traitée lorsque je suis chez eux, c’est à se demander de quoi elle avait peur. Eva leur avait finalement dit un soir, au milieu du repas d’après ce que chaque membre de la famille m’avait raconté, et même s’il leur avait fallu un petit temps pour l’accepter, il n’y a plus de soucis là-dessus depuis longtemps. - Vous allez quand même pas nous dire que vous allez vous marier ?- Papa !- Quoi ? Je vous trouve juste beaucoup trop jeune pour ça et en plus vous n’êtes pas ensemble depuis assez longtemps pour ça non ?La réaction de mon beau-père me fait légèrement rire, tout comme ma belle-mère qui est assise en face de moi. - Papa, si elles avaient l’intention de se marier, elles l’auraient dit dès le début tu crois pas ?- Merci Audrey.- De rien soeurette.Et oui, repas de famille du dimanche soir oblige, la sœur aînée d’Eva est aussi présente, ainsi que son fiancé et le petit frère des deux filles. Comme à chaque fois que nous sommes invitées à dîner chez ses parents, Eva et moi avons prévu de dormir là, dans la chambre de celle-ci vu qu’officiellement, elle habite toujours ici. Même si c’est vrai qu’elle passe presque autant de temps chez moi que chez ses parents, voire plus. - Non Didier, ne t’inquiète pas, on ne va pas se marier. Enfin, pas pour le moment en tout cas.Me dépêches-je d’ajouter en voyant du coin de l’œil le regard d’Eva, assise sur ma droite. Oui, je me permets de tutoyer mes beaux-parents. J’ai mis deux mois pour m’y faire mais après une ultime demande de mon beau-père pour arrêter de le vouvoyer tout en ajoutant qu’il me considérait comme un membre de la famille, j’avais fini par m’y mettre. - En fait euh… On voulait vous dire que j’ai reçu la réponse de l’école d’Angoulême pour l’année prochaine.Commence-je assez gênée d’aborder ce sujet au milieu du repas comme ça. Je sais que la famille d’Eva va être contente que je sois prise mais la décision de ma petite amie de me suivre là-bas en cas de réponse positive partage encore sa famille. Et j’avoue que je comprends tout à fait ça, n’aimant pas l’idée qu’elle veuille lâcher ses études ici pour me suivre sans être sûre d’être prise pour la suite des siennes. - Vraiment ? Alors ?- Elle est prise !De nouvelles félicitations de la part de la famille d’Eva que j’accueille avec le sourire et des remerciements bien que je vois le père de ma petite amie poser ses couverts sur son assiette et tourner le regard vers sa fille cadette. - Ca veut dire que tu comptes partir là-bas aussi ?- C’était l’idée dès le départ non ?- Idée qui ne me plaît pas dès le départ, tu le sais ça ? Ça n’a rien contre toi Gwenaëlle, au contraire, je trouve ça parfaitement normal que tu sois prise vu tes résultats. Mais Eva ! Pourquoi tu veux partir à près de 600km alors que tu peux continuer tes études ici ?- Peut-être pour être avec celle que j’aime, tu crois pas ? Et Gwen aussi aurait pu faire ses études chez elle au lieu de venir là ces trois dernières années.- Oui mais je…- Oui mais ce n’est pas pareil. Elle, elle savait qu’elle avait une place pour étudier ici alors que toi, j’ai l’impression que tu pars un peu à l’aventure là-bas. Tu n’es même pas sûre d’être acceptée en licence là-bas alors que là, c’est pratiquement une formalité, mais tu veux quand même partir à l’autre bout de la France.- Papa, laisse-la un peu ! Elle a 21 ans, elle est très bien capable de savoir ce qu’elle veut non ?- Et je ne suis plus une petite fille, j’peux me démerder toute seule tu sais ? J’compte pas vivre ici jusqu’à mes 30 ans !- Audrey, je ne doute pas des vœux de ta sœur, mais est-ce qu’elle peut avoir ce qu’elle veut ? C’est ça mon souci ! Et je sais très bien que tu ne veux pas vivre chez tes parents toute ta vie Eva mais ce n’est pas non plus la peine de partir à l’aventure comme ça juste pour nous prouver ton indépendance. Je veux juste que tu comprenne que partir comme ça à 600km sans savoir si tu peux continuer tes études là-bas frise la folie douce ma fille.Au fur et à mesure de la conversation, je sens ma petite amie se contenir le plus possible et se tendre pour ne pas craquer. Pourtant, au moment même où mon beau-père prononce sa dernière phrase, je comprends que s’en est trop pour elle, et je ne me trompe pas cette fois encore. A peine la phrase de son père finie, Eva se lève brutalement et s’exclame sur le ton d’une dispute : - De toute façon, plus besoin de te demander ça, j’ai été refusée là-bas !Toute la table la regarde d’un air surpris, moi la première. Elle ne m’a rien dit ! Je ne savais même pas qu’elle avait reçu une réponse. Je n’ai même pas le temps d’ouvrir la bouche pour tenter de dire quelque chose qu’Eva quitte déjà la pièce d’un pas rapide et décidé. Le regard toujours posé là où elle était il y a encore quelques secondes avant de disparaitre dans les escaliers, je cherche encore à comprendre ce qu’il vient de se passer quand la voix de son petit frère s’élève pour demander si cela veut dire qu’Eva va rester à la maison. Le repas se termine dans le silence et à vrai dire, cela ne me déplaît pas tellement. Je n’ai aucune idée de quoi dire. Eva ne réapparaissant toujours pas, à peine mon assiette finie, je m’excuse auprès de sa famille et me lève à mon tour pour la rejoindre dans sa chambre. J’ouvre doucement la porte et entre discrètement dans la pièce à moitié plongée dans l’obscurité pour la trouver allongée sur le ventre au milieu de son lit. Fermant la porte avec la même douceur, je finis par m’approcher et par m’allonger à côté d’elle avant de la prendre dans mes bras. Elle n’oppose aucune résistance à mon geste et se tourne même sur le côté pour se mettre plus facilement dans mes bras. Ses sanglots ne sont pas difficiles à deviner malgré qu’elle me tourne le dos et l’obscurité dans la pièce. - Pourquoi tu ne me l’a pas dit avant mon cœur ?- Je te l’aurais dit s’ils t’avaient dit non à toi aussi mais… Mais ils t’ont accepté. Alors je ne voulais pas t’embêter avec ça… Et puis, je n’avais pas envie de te rappeler que tu sors avec une ratée alors que toi, tu réussis tout.- Hey, je t’interdis de dire ça, c’est clair ?- Pourquoi ? C’est vrai pourtant ! Regarde, j’ai retapé ma première année de DUT et là, je suis refusée pour ma licence à Angoulême.- Et ? C’est ça qui fait de toi une ratée ? Alors je suis quoi moi ? J’ai 21 ans mais je confonds encore ma droite et ma gauche, je ne connais l’alphabet par cœur que jusqu’à I, quand je m’essaye à cuisiner autre chose que des pâtes, du riz ou de la purée, c’est l’aventure totale, je galère toujours à mettre une pauvre couette dans sa house au moment de refaire le lit, je mets encore ma tête sous mon cousin quand le réveil sonne pour tenter de me cacher en pensant qu’il arrêtera de sonner et à chaque fois que je fais du vélo en ville, je me fais attaquer par des trottoirs.A ma réponse, j’entends le rire de ma petite amie auquel ne tarde pas de s’ajouter le mien. Cela ne dure que quelques secondes avant que le silence s’installe entre nous deux mais déjà, Eva n’a plus de soubresauts caractéristiques des sanglots. Encore quelques secondes de silence puis je l’entends pousser un long soupir rempli de tristesse et d’incertitude. - Qu’est-ce qu’on va faire maintenant Gwen ?- Bah… Je peux toujours laisser ma place à un autre en la refusant.A ces mots, Eva se dégage de mes bras pour redresser le haut de son corps sur son lit, tout en se tournant à moitié vers moi avant de me taper assez violement le bras. - Aooh ! - Non mais ça va pas ?! D’où tu veux lâcher ta place ? T’a bossé comme une malade pendant deux ans pour pouvoir l’avoir alors arrête tes conneries ! - Bah arrête les tiennes alors ! Et on en a déjà parlé des centaines de fois de ça chérie, même si c’était des "et si" à ce moment-là. On a tenu trois mois quand tu étais sur Paris alors que c’est plus loin qu’Angoulême. Et je reviendrais certains week-ends ou pendant les vacances ou ce sera toi qui viendra, on s’arrangera. Tu es prise ici ? - Ouais… Comme l’a dit mon père toute à l’heure, c’est qu’une simple formalité… Mais j’ai pas envie de devoir revivre ces trois derniers mois pendant un an. J’ai pris l’habitude de te voir tous les jours et j’étais complètement paumée sans toi à Paris. - C’est qu’un an mon cœur. Je sais que ça paraît long mais tu verras que ça passera plus vite que tu le pense. Et ça te donnera une motivation de plus pour bosser non ?Je devine le léger sourire d’Eva sur son visage durant le silence qui suit mes paroles. Elle finit par se pencher vers moi et m’embrasse avant de se rallonger à mes côtés. - Si tu le dis…. De toute façon, pas bien le choix si j’veux continuer les études.- Ce sera qu’une épreuve de plus Eva.- Ouais, une de plus….. Tant que ce n’est pas celle de trop…***** - J’aurais quand même trop aimé être là rien que pour voir sa tête !- On sera deux t’inquiète ! Heeen, et qu’Eva aussi soit là pour lui mettre encore plus les nerfs !Une explosion de rire se fait alors entendre autour de la table. Marjorie, Elise, Eva et moi sommes installées à une table en terrasse du restaurant. Marjorie a fini il y a environ quinze minutes alors qu’Elise fait une petite pause et que je commence dans dix minutes. Cela fait deux semaines maintenant que j’ai reçu ma réponse pour l’année prochaine et je ne suis pas restée inactive pendant ce temps. La preuve, je suis rentrée d’Angoulême depuis moins de deux heures après avoir passé deux jours à visiter des appartements. J’ai d’ailleurs posé déjà une demande pour deux d’entre eux plus quelques autres que j’ai un peu moins aimé. Et là, je viens juste de leur raconter la visite d’un des apparts où l’actuelle locataire a commencé à me draguer avant que je n’évoque Eva. Eva avec qui je commence à être un peu plus distante depuis quelques jours sans vraiment savoir pourquoi. Elle a encore du mal à se faire à l’idée que nous aurons une relation à distance à partir d’Octobre sans doute et du coup, elle n’est plus vraiment la même depuis quelques jours avec moi et se renferme pas mal sur elle-même. - Salut les fillesMarie qui vient juste d’arriver apparemment, ne s’arrête même pas vers nous et nous salue de loin avant d’entrer dans le restaurant. - Elle bosse ce soir ?- Ouais. Elle fait 18h30-22h45 de mémoire.- Génial ! Presque comme toi chérie.- Sauf que je finis à 30 et qu’en plus, j’m’en fous.J’ai beau le lui répéter sur tous les tons, elle continue à croire que j’attache de l’importance aux horaires de Marie. Et d’ailleurs, cela met mal à l’aise Marjorie et Elise. - Bon euh… On y va nous ?Merci Elise ! Je saute sur l’occasion pour suivre ma manager, échappant ainsi à une nouvelle "dispute" avec Eva. Je l’embrasse rapidement avant de partir et je rentre dans le restaurant et me dirige vers les vestiaires pour me changer. Heureusement, Marie et moi ne sommes pas seules dans la pièce. Depuis la conversation chez Marjorie, nous n’avons jamais vraiment eu l’occasion de parler seule à seule… Ni même de vraiment se parler en fait. Je crois que nous nous évitons en fait aussi bien l’une que l’autre. En même temps, vu comment avait tourné la dernière conversation que nous avions eu, ça n’avait rien d’étonnant. N’ayant pas envie de parler avec qui que ce soit dans le vestiaire, je prends juste le temps de me changer rapidement avant de sortir de la pièce. Un coup d’œil au tableau et je me rends compte que je vais devoir bosser avec Marie toute la soirée. Qui est le con de manager responsable du restaurant ce soir ? J’attrape rapidement Elise pour lui demander et la réponse ne me surprend pas. Damien. Il avait dû remarquer que Marie et moi ne sommes pas en excellents termes et a donc décidé de s’amuser un peu. Raaah celui-là, si je pouvais lui mettre la tête dans la friteuse ! La soirée est assez agitée. Beaucoup de demandes pour le poste que Marie et moi occupons ce soir et nous reprenons vite les habitudes que nous avions prises lorsque nous avions déjà bossé ensemble dans les mêmes conditions trois ans plus tôt. A 22h30, devant l’importance des commandes encore passées, je décide de faire un peu de temps sup’ pour aider un peu Marie histoire qu’elle ne soit pas noyée sous les commandes. Ce n’est que vers 50 que Damien nous dit enfin qu’on peut lâcher notre poste, le plus gros venant de se finir. Oubliant que nous sommes en froid, nous reprenons alors une habitude que nous avions prise 3 ans auparavant lorsque nous terminions à la même heure. - Es bilboquetas !- Et on se casse !Au moment même où nos rires fusent alors que nous dépointons, j’ai l’impression de revenir trois ans en arrière, quand rien ne s’était encore passé entre nous à part les multiples éclats de rire et délires. Finalement, même si j’ai beau me dire que non, je me rends compte qu’elle m’a manquée pendant tout ce temps. Notre amitié m’a manqué, notre complicité, nos délires, nos rires, nos soirées chez elle, tout ce qui a un rapport avec elle en fait… Si seulement je pouvais retrouver cette Marie là… Mais je sais très bien que c’est impossible vu ce qu’il s’est passé durant ces trois dernières années. Nous pouvons très bien essayer de nous convaincre que nous pouvons repartir de zéro et oublier tout ça, je sais parfaitement que nous n’y arriverons jamais. La seule solution serait un lavage de cerveau, une perte de mémoire ou quelque chose dans ce genre mais pas de chance, la pilule magique pour ce genre de chose n’existe pas. Ce n’est que lorsque je retiens la porte de la salle de pause derrière elle que je reviens au présent. Oui, finalement les choses qu’elle m’a dites il y a deux semaines sont peut-être toujours présentes en moi, quelque part, à espérer que l’on puisse arranger les choses…. Hey Gwen ! Tu nous fais quoi là ? Reprend toi illico presto ! Perdant mon sourire qui me semble tellement niais, je rentre enfin dans les vestiaires, suivie de près par Marie. Et merde ! Nous sommes seules à finir à cette heure-ci donc seules dans la pièce. Un silence s’installe d’ailleurs lorsqu’elle s’en rend compte elle aussi. Je commence à enlever mon polo pour me changer quand j’entends sa voix dans mon dos. - Alors ? Cette recherche d’appart à Angoulême ?- Comment tu sais que j’étais là-bas ? demande-je aussitôt sur un ton surpris en me retournant vers elle, mon polo à la main. - Wouaw, joli tatouage. Tu veux que je te rappelle où on bosse ?Son regard sur l’espèce de tribal me parcourant le flanc gauche, des hanches jusqu’au niveau de la poitrine me rappelle qu’elle ne sait pas que je me suis fait tatouer là il y a un an. Mais le ton sous-entendu de sa deuxième phrase m’arrache un sourire malgré moi. C’est vrai que trois ans auparavant, elle avait comparé le restaurant où nous bossions à un remake du jeu Secret Story. « Tout le monde sait tout de tout le monde ou cherche à tout savoir le plus vite possible. » avait-elle sortie comme explications. - Pas la peine, c’est bon. Et ça s’est plutôt bien passé, j’ai déjà repérer deux apparts, expliques-je tout en me tournant de nouveau pour attraper ma chemise et commencer à l’enfiler. - Ah bah cool alors. C’est bien.- Ouais….. Et merci pour le tatouage.- De rien…. Il est récent ?- Je l’ai depuis un an.- Ah ok...A croire que l’on vient de retourner un peu plus de deux semaines en arrière, le premier soir de nos “retrouvailles”, dans ma voiture. On parle de n’importe quoi sauf du sujet qui fâche, on se contente de tourner autour du pot et de faire comme si de rien n’était. Est-ce qu’elle pense vraiment ce qu’elle m’a dit il y a deux semaines ou a-t-elle dit ça juste pour voir si elle peut encore jouer avec moi comme il y a trois ans ? Bon sang, ses paroles ne m’ont jamais quitté l’esprit en réalité, je ne cesse d’y penser depuis ce fameux soir, inconsciemment ou non. - Euh… Tu veux que je te ramène ?- J’aurais bien dit oui mais j’ai peur que Cerbère m’agresse.- Cerbère ?- Ta copine.Ah, donc Eva aussi a le droit à un petit surnom maintenant ? La guerre est donc vraiment déclarée entre elles deux si je comprends bien. Ma chemise toujours ouverte, j’enfile rapidement mon jeans tout en commençant à ouvrir la bouche pour répondre à Marie quand elle me devance. - Parce que tu vois, elle est peut-être super sympa comme nana mais apparemment, faut pas parler un peu trop sentiments avec sa copine.- Ose me dire que t’aurais pas réagi pareil si une nana avait sorti ce que tu m’a dit à Romain !- C’est pas pareil.- Ouais, comme à chaque fois que ça touche monsieur Romain Jolert.-Arrêtes avec ça Gwen !- Pourquoi ? Je …- Parce que ça ne fait que me rappeler un peu plus l’énorme connerie que j’ai faite en le choisissant lui plutôt que toi ! me coupe-t-elle. Il n’y a pas que la parole qu’elle me coupe d’ailleurs sur ce coup là. Je n’ai même pas remarqué que je me suis une nouvelle fois tournée vers elle durant ce début de dispute. Est-ce que cela veut dire qu’elle pense vraiment ce qu’elle a dit chez Marjorie il y a deux semaines ? Sans même chercher d’éventuelle réponse, mon corps se mets en mouvement tout seul. Qu’est-ce que je fais bon sang ? Pourquoi est-ce que d’un coup je suis si près d’elle ? Mon cerveau n’a pas le temps de m’envoyer d’autres informations que je sens ma main sur les casiers derrière elle, le reste de mon corps contre le sien et mes lèvres sur les siennes. Humm, oui, on dirait bien que je viens juste de la plaquer contre les casiers derrière elle pour l’embrasser. Pourtant, cela n’a pas l’air de lui déplaire, bien au contraire vu sa façon de répondre à mon baiser. Je ne tarde pas à sentir ses mains sous ma chemise, toujours ouverte, alors que nous continuons à nous embrasser plutôt fougueusement. Comme si c’était la première fois que nous le faisions. Ou plutôt comme si cela nous avait manqué à l’une comme à l’autre. Oui, c’est plutôt ça, un moment que l’on attend depuis trois ans maintenant comme si rien n’était arrivé… Rien n’est arrivé… Eva ! A la pensée de ma petite amie, je m’écarte soudain de Marie, me libérant ainsi de son étreinte et la laissant plutôt surprise de ma réaction soudaine. - Je peux pas, lâches-je en revenant à moi et en me demandant comment j’ai pu faire ça. - Les mêmes mots qu’il y a trois ans, réplique Marie sur un ton amusée, le sourire aux lèvres, tout en s’appuyant un peu plus contre les cassiers de façon nonchalante. - Sauf que la situation n’est pas la même qu’il y a trois ans.- Ah bon ? J’ai plutôt l’impression que si.Je relève vers elle un regard noir qui n’a pas l’air de calmer celui de braise qu’elle me lance. Alors c’est ça en fait ? Elle veut juste s’amuser une nouvelle fois avec moi ? Et moi je suis encore tombée dans le panneau malgré ce qu’il s’est déjà passé entre nous deux. D’un geste décidé et presque provoquant même, je commence aussitôt à fermer ma chemise. - Sauf que moi je vais pas te dire que je vais quitter Eva pour te faire plaisir alors que j’ai pas du tout l’intention de le faire.Lâches-je finalement d’un ton sec et froid en finissant de boutonner ma chemise. Le feu dans les yeux de Marie disparaît aussitôt pour faire place à de la surprise puis à de la douleur, ou de la peine peut-être, qu’importe. Qu’elle souffre après tout. Sur ces mots et ces pensées, je ramasse rapidement ma besace et sors de la pièce en la balançant sur mon épaule. Qu’elle rentre par ses propres moyens, Eva m’attend.
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Eleana L. Ewans
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| Sujet: Re: We both know love is not that easy Sam 16 Juin - 20:22 | |
| Et oui, finalement j'ai réussi à écrire cette semaine Je sais pas comment vu que j'étais en mode robot pour les cours mais bon, on va pas s'en plaindre hein ? ^^ Bon allez, trêve de blabla, voilà le chapitre 4 que vous attendez avec impatience pour certaines Bonne lecture les filles Chapitre 4 - Spoiler:
Chapitre 4 : You treat me like a stranger and that feels so rough - Chérie, le scotch est vers toi ?- Euh… Ouais, il est là. Tu l’veux ?- Bah ça peut être utile pour fermer le carton.Deux semaines se sont passées depuis que j’ai embrassé Marie dans les vestiaires du restaurant sans avoir encore compris pourquoi j’ai agi comme ça. Bien sûr, Eva ne sait rien de ce qu’il s’est passé ce soir-là et je sais que si jamais je le lui dis, c’est crise de nerf assurée ! Entre temps, j’ai reçu les réponses pour les appartements sur Angoulême, négatives pour les deux appartements que j’ai bien aimés mais positive pour un autre trop grand et trop cher pour moi seule. Du coup, j’ai commencé à chercher un ou deux colocataires depuis deux jours et à faire mes premiers cartons cet après-midi avec Eva, devant libérer mon appartement actuel dans une semaine. D’ailleurs, en parlant d’Eva, elle ne tarde pas à m’envoyer le scotch…. En me le jetant dessus à pleine vitesse. - Hey !- Quoi ? T’as vu comment tu me parles ? Depuis quand tu me parles comme ça Gwen ?!- Mais c’est bon putain, calme toi ! J’ai rien dit !- Ah parce qu’en plus tu t’en rends même pas compte ? Mais c’est de mieux en mieux !Oui, les choses ne se sont pas vraiment arrangées entre Eva et moi depuis ce temps, au contraire, on ne cesse de s’engueuler pour un oui ou pour un non. J’ai beau essayé de me dire que c’est juste une mauvaise passe entre nous, je sens quand même au fond de moi que cela ressemble de plus en plus au début de la fin. Ne voulant pas que l’on se dispute une nouvelle fois elle et moi, je décide d’abandonner cette conversation et j’attrape le rouleau de scotch sans ajouter un mot de plus, bien que je ne puisse retenir un léger soupir. Je n’ai pas envie que cela se finisse comme ça entre Eva et moi, pas après l’histoire que l’on a eu toutes les deux, nous ne méritons pas ça. Je finis de fermer le carton devant moi puis décide d’arrêter pour aujourd’hui. Je m’asseye sur mon lit, pas encore envahit par les cartons qui commencent à s’installer dans l’appartement, pendant qu’Eva se dirige vers l’espace cuisine. - Depuis quand c’est autant la merde entre nous ?Les mots sortent tous seuls de ma bouche, comme si je venais de penser tout haut. C’est un peu ce que j’ai fait d’ailleurs, il faut l’avouer, mais cette question ne cesse de me tourner dans la tête depuis des semaines. Pourquoi est-ce à ce point la merde entre nous ? Au point où j’en arrive à embrasser une autre femme sans même comprendre pourquoi et sans penser un instant à Eva avant de me séparer de l’autre ? J’avoue que je n’attends pas vraiment de réponse de ma petite amie qui est en train de se servir un verre d’eau quand je pose cette question. Pourtant, elle se stoppe net et se tourne vers moi avec une étincelle dans le regard que je ne lui connais pas. Ou plutôt, si, je la connais, mais jamais elle ne m’avait adressé ce regard jusqu’à maintenant, et je comprends mieux pourquoi elle est si impressionnante lorsqu’elle est énervée face à vous. - Tu veux vraiment savoir ? C’est depuis que ta putain de Cruella d’enfer est de retour dans ta vie. Parce que du coup, elle est entrée dans NOTRE vie et la pourrit bien comme il faut.- Arrête tes conneries, elle a rien à voir là-dedans !- Ah oui ? Vraiment ? Alors explique-moi pourquoi depuis qu’elle est là on n’arrête pas de s’engueuler ? Et qu’à chaque fois qu’on le fait son nom apparaît d’une manière ou d’une autre dans la conversation ?- Parce que tu lui met tout sur le dos peut-être ?- Parce qu’en plus tu la défends ? Tu préfères défendre Marie Jolert, la seule qui s’est comportée comme la pire des salopes avec toi, que moi, ta petite amie ?.... Putain, alors je trouvais que t’avais changé depuis qu’elle était là mais je pensais pas que c’était à ce point !- Oh j’t’en pris ! Le coup du “t’as trop changé”, on me l’a déjà fait !- Tu vois ! Tu parles encore d’elle.- Attend, inverse pas les rôles là s’te plaît ! C’est pas moi qui l’ai cité en première là !- Peut-être, mais en tout cas, c’est toi qui me traite comme si j’étais une étrangère depuis presque deux semaines…Le ton qu’elle vient d’employer dans sa dernière phrase me révèle à quel point elle est blessée par toute cette histoire et à quel point elle souffre. Toute la tension qui s’est accumulée ces dernières minutes semble complètement disparaître à la réponse de ma petite amie. Nos regards se croisent enfin depuis le début de cet échange assez violent. Elle doit sans doute lire de la surprise et de la culpabilité dans mon regard, moi en tout cas, je ne lis que de la souffrance dans le sien. Je finis pourtant par baisser le regard, ne pouvant plus supporter de la regarder ainsi dans les yeux après ce qu’il s’est passé l’autre soir entre Marie et moi. Je lui dois la vérité, mais elle va la détruire alors qu’est-ce que je dois faire bon sang ? - Je…. On s’est embrassée…Lui dire la vérité, voilà ce que je dois faire. Non seulement parce que je la lui dois mais surtout parce nous avons toujours été sincères l’une envers l’autre depuis le début de notre relation, même quand cela faisait mal. Mais nous ne le sommes plus depuis que Marie est revenue dans ma vie, c’est vrai, Eva a sans doute raison lorsqu’elle l’accuse de fragiliser notre couple autrefois si fort. -…. Je t’en supplie Gwen, dis-moi que tu parles de Marjo ou même d’Elise.Alors même qu’une boule se forme dans ma gorge et que je sens enfin tout le poids de mon acte de deux semaines plus tôt, je ne peux ignorer le tremblement dans la voix d’Eva. Colère ou tristesse ? Je n’arrive pas vraiment à deviner même si j’ai peur de la réponse. Je prends pourtant mon courage à deux mains et relève enfin les yeux vers elle et dès que mon regard se pose sur elle, je sens mon cœur se déchirer. - Ca peut changer quelque chose ?- Dans tous les cas, ça fera mal…. Mais si c’est d’elle que tu parles, ça fera beaucoup plus mal, crois-moi…Elle n’arrive plus à retenir une larme et cette vision porte les miennes à mes yeux. Oui, c’est la dure vérité mais le retour de Marie ici à fragiliser notre relation et mon geste stupide l’autre soir n’a fait que la détruire. A croire que je ne suis bonne qu’à ça, qu’à détruire toutes mes relations, toutes les personnes qui croient en moi. Moi qui pensais qu’avec Eva tout ça allait changer, je me trompais, encore une fois. Je n’ai pas le courage de lui répondre et finis une fois de plus par baisser le regard. - Putain Gwen…Ce simple geste de ma part lui a apporté la réponse qu’elle voulait. Et ces simples mots de sa part suffissent pour me faire craquer à mon tour. Non, rien n’a changé avec Eva, je suis toujours celle qui finis par tout détruire d’une façon ou d’une autre. - Je suis désolée Eva.En guise de réponse, je sens de l’eau froide m’arriver sur le haut du visage et la tête. Je relève immédiatement la tête pour confirmer ce que je pense. C’est bien Eva qui vient de me balancer son verre d’eau dessus. - Arrêtes ! Tu m’a déjà suffisamment menti comme ça !Sans ajouter un mot de plus ni même me laisser le temps d’ouvrir la bouche pour lui répondre, elle pose le verre sur le bar et commence aussitôt à se diriger vers la porte de mon appartement. Après avoir attrapé son sac, elle sort de chez moi et referme la porte en la faisant claquer derrière elle, ignorant complètement mon « attends ». Des gouttes d’eau tombent encore de mes cheveux alors que je prends ma tête dans mes mains, appuyant mes coudes sur mes genoux. Bon sang, mais pourquoi j’ai fait ça ? Est-ce que seulement un jour je changerais ? ***** - Alors ? Eva veut toujours pas te parler ?- Non… Son père a pas voulu me laisser entrer hier soir quand j’ai essayé d’aller chez elle pour lui parler.-Dur ! Mais ses parents t’en veulent aussi ?- J’en sais rien. Il m’a dit qu’il savait pas ce qu’il s’était passé entre nous mais que vu l’état d’Eva, il préférait ne pas me laisser la voir…Cela fait maintenant trois jours qu’elle a quitté mon appartement après notre dernière dispute et depuis, elle a toujours refusé de me parler ou même de me voir pour que je puisse enfin lui expliquer à quel point je m’en voulais de ce qu’il s’était passé avec Marie. Mais rien à faire, je me heurte à chaque fois à un mur bien que son père avait l’air sincère et neutre hier soir. Le bruit de la porte de cassier de Marjorie qui se ferme me ramène à la réalité. - Ça craint quand même. Vous étiez tellement belles ensembles.Oui, je commence à le savoir vu le nombre de personnes qui m’ont dit ça ces trois derniers jours mais ce n’est pas ça qui va ramener Eva. Depuis qu’elle est partie de chez moi, je réalise un peu plus à chaque minute qui passe à quel point j’ai besoin d’elle. Je me rappelle encore ses paroles un peu plus d’un mois plus tôt, quand elle m’avait avoué avoir eu l’impression d’être perdue sans moi lorsqu’elle était sur Paris, et bien cette fois-ci, c’est moi qui suis complètement perdue. Je suis Marjorie pour sortir des vestiaires et me rendre dans les cuisines. Ce soir, c’est mon amie qui tient la prod’ et moi, j’ai un poste parfaitement inutile. Je vais donc faire des aller-retour entre la cuisine et l’arrière du restaurant tout le long de la soirée pour ramener ce qu’il manque en cuisine, wouaw, mais quelle soirée passionnante. Et en effet, je passe les trois quarts de ma soirée à faire des aller-retour, n’étant en cuisine que l’espace de vingt minutes, au moment où les commandes se sont enflammées. Il ne me reste qu’un quart d’heure avant de finir ma dernière soirée de boulot ici et je dois avouer que cela me fait bizarre. Quoi que bien moins que de croiser Marie toute la soirée après ce qu’il s’est passé entre nous et entre Eva et moi. En fait, à chaque fois que je la croise, j’ai envie de lui hurler de sortir de ma vie, retourner là où elle était pendant tout ce temps et me rendre ma petite vie qui m’allait très bien que j’avais réussi à construire avant qu’elle ne revienne. Je reviens vers la cuisine avec trois panières de pains empilées les unes sur les autres pour un nouveau ravitaillement quand Marie sors de celle-ci et me bouscule accidentellement. Rien ne tombe, elle s’excuse mais malgré tout, c’est l’explosion pour moi. - Putain mais tu peux pas tout simplement disparaitre ?!- Quoi ?- Ouais, disparaitre ! Tu sais, comme il y a trois ans quand tu m’a sortie que j’avais trop changé et que tu voulais plus de moi dans ta vie !- Mais Gwen…Oui, elle est sans doute surprise que je pète un plomb comme ça, en plein restaurant, devant tout le monde alors que quelques personnes à peine sont au courant que l’on se connaissait déjà avant son arrivée et encore moins que nous avons eu une relation. Mais peu m’importe, j’ai besoin d’exploser, pas de chance pour elle qui ne s’y attendait sans doute pas en commençant ce soir mais cela fait déjà 3 jours que je me retiens de ne pas exploser. - Quoi ?! Qu’est-ce qui a encore ? Qu’est-ce que tu vas me demander cette fois ? De me jeter d’un pont ? Quand tu m’as dit de sortir de ta vie, même si j’en avais pas la moindre envie, je l’ai fait ! Alors bordel de merde ait au moins la décence de retourner là où t’était au lieu de venir pourrir ma vie maintenant qu’elle était parfaite sans toi ! Voilà, c’est dit ! Les mots sont sortis tous seuls de ma bouche, sans même que je ne puisse vraiment réfléchir à ce que je viens de dire. Je suis tellement à bout que je n’ai même pas envie de rester face à elle, je ne supporte plus de la voir. Je lui fourre donc les panières dans les bras et repars à l’arrière du restaurant alors que j’entends plus loin Marjorie confier son poste à Arthur. Toujours sur les nerfs, je me dirige d’un pas décidé vers la sortie arrière du restaurant et n’hésite pas une seconde à franchir la porte. J’ai besoin d’air, vraiment… Et d’une clope pour décompresser mais mon paquet est resté dans mon casier. Quelques secondes à peine après que je sois sortie, la porte s’ouvre de nouveau pour laisser passer Marjorie. - Bon sang Gwen mais il s’est passé quoi ?- Il s’est passé que j’ai embrassé cette conne y a deux semaines et que je l’ai dit à Eva parce que je supportais plus de lui mentir ! Voilà pourquoi on est plus ensemble !- Quoi ?! Mais… Mais je croyais que c’était juste une nouvelle dispute.Oui, je n’avais même pas eu le courage de dire à Marjorie la vérité sur ma séparation avec Eva. Je suis vraiment une moins que rien. Alors que je lance ma tête en arrière pour m’appuyer contre le mur en soupirant, la porte s’ouvre de nouveau et cette fois, c’est Elise qui nous rejoint. - J’peux savoir ce qu’il vient de se passer là ?A son ton, on devine facilement qu’elle vient nous parler en tant que manager et non pas en tant qu’amie. Et je ne peux que la comprendre après tout, nous sommes au boulot et c’est elle qui a la responsabilité du service de ce soir. - Gwen a pété un plomb sur Marie parce que euh… Elle l’a emmerdé toute la soirée.- C’est bon, pas la peine de mentir encore un peu plus Marjo… J’ai pété un plomb parce que je l’ai embrassé y a 15 jours et qu’Eva est parti à cause de ça.- Quoi ? T’es pas sérieuse là ?Ca y est, Elise a oublié son boulot pour reprendre son ton amical envers moi. Enfin, elle est en train de m’engueuler mais on sent quand même qu’elle reprend son rôle d’amie en laissant tomber celui de supérieure qu’elle avait tout à l’heure. - Mais qu’est-ce qui t’a pris putain ? J’croyais que t’aimais Eva !- Mais bien sûr que je l’aime ! Qu’est-ce que tu crois ? Je l’aime toujours comme une dingue !- Alors pourquoi t’as embrassé Marie ?- Mais j’en sais rien ! Je sais pas ce qui m’a pris ! En plus je l’ai regretté tout de suite après. Putain, me faut une clope là !- Calme-toi Gwen. Faut qu’on retourne bosser, on en reparle dès que vous avez fini ok ? T’as encore dix minutes à tenir donc… Occupe-toi des arrières et Marjo, échange Marie avec Tom, comme ça vous serez loin l’une de l’autre.- Ok.- Ok !Le boulot avant tout, Marjorie et moi ne pouvons pas en vouloir à Elise d’agir ainsi vu le poste qu’elle avait ce soir. C’est donc sans vraiment discuter que nous retournons à l’intérieur du restaurant et que nous reprenons chacune notre poste. De toute façon, ce n’est plus que dix minutes à tenir avant de pouvoir se vider le cœur une bonne fois pour toute avec elles. Alors que d’habitude je n’hésite pas à rester un peu plus longtemps après l’heure où je suis sensée finir, cette fois-ci, à peine l’heure affichée sur la pointeuse, je passe mon badge et file dans les vestiaires, suivie par Marjorie. Elise ne tarde d’ailleurs pas à nous rejoindre et ferme le verrou de la porte sans la moindre hésitation. Nous sommes les seules Marjo et moi à finir à cette heure-ci chez les filles d’après elle donc… Maintenant que nous sommes seules et sûres de ne pas être interrompues, les filles s’associent pour me faire raconter tout ce qu’il s’est passé entre Marie et moi, aussi bien il y a quinze jours qu’il y a trois ans, au point de me faire craquer. C’est la première fois que je laisse couler mes larmes devant elles même si on se connait depuis bientôt deux ans mais bon sang ce que ça fait du bien. Calmant mes émotions, j’arrive enfin à cacher une nouvelle fois mes larmes et finit par me changer. Nous sortons enfin de la pièce et en se dirigeant vers la sortie, Elise demande à un autre manager de la remplacer quelques minutes. Voyant que je l’accompagne, le jeune homme accepte sans hésiter, pensant sans doute qu’Elise va me sermonner pendant dix minutes sur mon explosion de toute à l’heure. A peine dehors, j’allume enfin cette clope qui me fait envie depuis tout à l’heure ! Nous terminons notre conversation sur un ton beaucoup plus calme et chose rare, à peine ma cigarette finie, j’en allume une seconde. Wouaw, je suis vraiment au bout du rouleau là ! J’en suis à peu près aux trois quarts de ma cigarette quand la porte du restaurant s’ouvre sur Marie. Nous tournons toutes les trois la tête vers elle et nous stoppons net dans nos paroles. - Bon, faut que j’y retourne moi.- Ouais, et moi faut que je euh… Rentre chez moi.Lâcheuses ! Elles me font quoi là ? Alors que je me remets à peine de ce qu’elles viennent de sortir comme excuse bidon, elles commencent à s’éloigner me laissant seule avec Marie. Faites qu’elle aussi parte sans un mot et qu’elle me laisse tranquille. Je porte ma cigarette à mes lèvres quand je me rends compte que non, elle ne me laissera pas tranquille. - Gwen je…. J’ai appris qu’Eva et toi s’était fini y a quelques minutes et… Et je suis désolée.Quoi ? Elle croit vraiment que ses excuses vont me suffire ? Ma tristesse est aussitôt remplacée par de la colère. Non, pire, de la rage. Et dans un geste de provocation sans doute, je me mets à avoir un petit rire froid et sarcastique tout en basculant la tête en arrière pour expulser ma bouffée en l’air. - Garde les tes excuses, j’en veux pas. Félicite-toi au contraire, t’as réussi une nouvelle fois à foutre la merde dans ma vie.L’air de surprise et de peine que je devine sur son visage maintenant que j’ai baissé de nouveau la tête vers elle me fait sourire. Un sourire mauvais certes mais c’est tellement bon de lui faire mal ! Ce n’est peut-être pas autant qu’elle m’en a fait mais peu importe, j’en ai marre de compter les points, comme je l’ai dit il y a quelques minutes encore à Elise et Marjorie, c’est la dernière fois que je la laisse pourrir ma vie. Elle baisse la tête, n’arrivant sans doute plus à supporter mon regard dur et froid planté dans le sien. - C’était pas du tout mon intention, crois-moi.- Pourtant c’est ce que t’as fait... Mais t’inquiète pas, c’était la dernière fois que t’en avais l’occasion. Je pars demain soir et j’ai bien l’intention de plus jamais te laisser la moindre occasion de refaire de ma vie un enfer, ne serait-ce qu’une fois de plus… C’est fini Marie, plus jamais tu ne m’aura avec tes belles paroles. T’as fait un choix il y a trois ans, assume le aujourd’hui.Sur ces mots, j’écrase ce qu’il me reste de cigarette et commence à m’éloigner pour me diriger vers ma voiture, laissant Marie sur place sans le moindre remord. J’ai déjà fait cinq mètres quand j’entends de nouveau sa voix dans mon dos. - Et la promesse que tu m’as faite ? Celle de toujours être là pour moi quand j’en aurais besoin…Je m’arrête et me tourne d’un quart vers la gauche pour lui répondre sans lui faire face mais sans non plus lui tourner le dos. - Elle tient toujours et uniquement parce que mes parents m’ont toujours appris à respecter mes promesses, dans n’importe quel cas. Mais crois-moi ma belle, t’aura le droit au minimum syndical. T’attend pas à ce que je sois prête à me couper un bras pour tes beaux yeux, pas après tout ce que tu m’as fait subir.Je ne lui laisse pas le temps de répondre que je me tourne une nouvelle fois pour lui montrer mon dos et recommencer à m’éloigner. A quoi elle s’attendait ? Je lui avais laissé une seconde chance malgré moi quand elle était réapparue dans ma vie et voilà ce que ça donnait. - Cette fois, c’est moi qui pars et toi qui dois sortir de ma vie.Lance-je d’un ton froid et dur sans même prendre la peine de me tourner ou même de m’arrêter. Oui, la Gwen forte et déterminée est de retour, tant pis pour Marie et tous ceux qui m’ont fait du mal jusqu’à présent. ***** - Je comprends pas. Elle m’avait dit qu’elle viendrait.- Ouais bah elle est pas là quand même…. Et c’est peut-être pas plus mal.Nous sommes encore dans le hall de la gare et malgré tout, je fixe encore l’entrée principale, toujours habitée par l’espoir de la voir arriver. Marjorie a parlé à Eva hier soir après m’avoir lâchement abandonnée face à Marie et apparemment, contrairement à moi, elle a trouvé les mots qu’il fallait vu que mon ex petite amie lui a dit qu’elle viendrait me dire au revoir ce soir, avant que je prenne le train pour Angoulême où je dois rejoindre mon frère, déjà sur place avec pratiquement toutes mes affaires. Pourtant mon train est sensé partir dans cinq minutes et toujours pas la moindre trace d’Eva. - Pourquoi tu dis ça ? Je croyais que tu voulais la voir !- C’est le cas Marjo mais… J’ai peur de ne pas avoir la force de partir si je la vois maintenant…Pourtant, j’ai tellement envie de la voir une dernière fois, d’avoir une dernière chance de m’excuser, de pouvoir la prendre une dernière fois dans mes bras avant de partir. Mon train se fait annoncer dans les haut-parleurs de la gare, me forçant à me faire une raison. Je ne reverrais pas Eva avant mon départ… Je me baisse pour attraper mon sac et commence à me diriger vers le quai, toujours suivie de Marjorie. - Ca va faire bizarre de plus te voir au boulot.- Ca va faire bizarre de plus te voir tout court ma grande.Dis-je avec un petit sourire avant de prendre mon amie dans mes bras pour lui faire un dernier câlin pendant que le train commence à entrer en gare. - Mais t’inquiète, j’reviendrais pendant les vacances.- T’as intérêt ! Ou j’viens te chercher moi-même et j’te ramène là à coup de pieds dans le cul !La réponse de mon amie nous fait rire toutes les deux. Notre dernier rire ensemble avant un bon moment sans doute et il a un gout particulier il faut bien avouer. Le train s’immobilise et après une dernière accolade et de derniers "au revoir", je monte enfin dedans. Je trouve rapidement ma place et adresse un dernier signe de la main à Marjorie avant que le train ne se remette en marche. Ca y est, c’est parti pour une nouvelle page de ma vie, une nouvelle fois loin de tous ceux que je connais et que j’aime…. Mais je sais déjà que je reviendrais…. Angoulême, me voilà.
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Eleana L. Ewans
▌Date d'inscription : 31/12/2011 ▌Nombre de messages : 759 ▌Devise : Ce qui ne te tue pas te rend plus forte ▌Groupe : L ▌Humeur : J'ferais bien la fête tiens....
| Sujet: Re: We both know love is not that easy Mar 26 Juin - 0:00 | |
| Allez, j'suis gentille et je vous mets un petit chapitre avant de partir m'éclater pendant 4 jours Bon, comme je l'avais déjà dit à pas mal d'entre vous, ce chapitre est un peu particulier car il n' y a pas un mais deux narrateurs, ou plutôt narratrices et donc, on a un autre point de vue que celui de Gwen (pour une fois ). On peut d'ailleurs peut-être même parler de chapitre HS servant uniquement à apporter quelques petites précisions ou autres sur les autres personnages de la fic mais bon, peu importe, je tenais à le faire et ne vous inquiétez pas, Gwen revient dans le chapitre 6 en force et en seule narratrice pour son arrivée à Angoulême Sur ce, bonne lecture et encore une fois, n'hésitez pas à donnez votre avis ou vos commentaires, même dans le sujet si vous voulez, les chapitres sont mis sous spoiler exprès pour les séparer du blabla de l'auteur et de vos commentaires Chapitre 5 - Spoiler:
Chapitre 5 : J’ai beau t’aimer, tu pars quand même - Cette fois, c’est moi qui pars et toi qui dois sortir de ma vie.Elle ne se retourne même pas en me disant ça et moi qui me sens sur le point de flancher depuis qu’elle s’est mise à me hurler dessus tout à l’heure, je m’écroule complètement en la voyant s’éloigner dans la nuit sans même un regard en arrière. J’ai l’impression de tomber dans le néant, d’être complètement vide à l’intérieur. Est-ce que je lui ai fait aussi mal il y a trois ans ? Si c’est le cas, pas étonnant qu’elle m’en ait autant voulu et qu’elle m’en veuille encore vu son caractère. J’ai envie de la rattraper, de l’embrasser une nouvelle fois, de lui dire combien je l’aime et que je n’ai jamais cessé de l’aimer depuis trois ans, malgré mon choix. Mais je reste plantée là, complètement abasourdie par cette dernière conversation que l’on a eu, par le comportement qu’elle a eu durant ces quelques minutes. Oui, je lui ai fait énormément de mal, plus besoin de se voiler la face, je ressens parfaitement ce qu’elle a ressenti il y a trois ans. Et connaissant Gwen, je sais que si elle a agi comme ça avec moi depuis que je suis arrivée ici, c’était simplement pour cacher ses blessures. Combien de temps je reste plantée là ? 30 secondes ? 5 minutes ? 15 peut-être ? Je n’en sais rien, le temps me semble complètement brisé depuis qu’elle est partie. Quand la reverrais-je ? La reverrais-je ne serais-ce qu’une fois d’ailleurs ? Ma raison finit pourtant par me ramener sur Terre et mes pieds se mettent à bouger seuls pour me ramener chez moi, l’esprit complètement ailleurs, avec elle. Qu’aurait donné ma vie si je l’avais choisie elle il y a trois ans ? J’arrive devant la grille de la résidence réservée aux gendarmes de la caserne et à leurs familles sans même me rendre compte que j’ai parcouru autant de chemin. Toujours en pensant à Gwenaëlle, je marche jusqu’au bâtiment dans lequel je vis et monte au troisième étage avant d’entrer enfin dans mon appartement. - Ah bah quand même ! T’as vu un peu l’heure Marie ? T’as foutu quoi ?Bonsoir chéri, moi aussi je suis contente de te voir après ma soirée de boulot. Rien que l’accueil que me fait mon mari me conforte dans l’idée que je me suis faite sur le chemin. C’est Gwen que j’aurais dû choisir il y a trois ans, pas Romain. - Une fille faisait sa dernière soirée ce soir, du coup y avait un pot à la fin de son service et je suis restée un petit moment.- Mouais… Peu importe, ton fils est malade. Va le voir, moi j’vais me coucher.- C’est ton fils aussi je te signale !- Oui, mais pas entre 22h et 6h. Et il est presque 23h donc… Et en plus je commence à 8h demain alors commence pas à me souler Marie et va voir Gaëtan.Je pousse un soupir d’exaspération pendant que Romain se dirige vers notre chambre sans même faire attention à ma réaction. Oui, plus ça va, plus il se comporte avec moi comme son père avec sa mère. Pourtant il m’avait promis ne jamais agir comme ça envers moi… Les pleurs de Gaëtan me rappellent le plus important et je vais directement le voir, oubliant le comportement exécrable de mon mari. Et dire qu’il est tout le temps comme ça avec moi…. Comment ai-je puis le choisir à Gwen ? Je m’étais sentie tellement vivante la première fois qu’elle m’avait prise dans ses bras, j’avais tellement eu l’impression d’exister enfin la première fois que nous nous étions embrassées… Et cette sensation, je l’avais de nouveau sentie deux semaines auparavant quand elle m’avait embrassé dans les vestiaires… Pourquoi lui ai-je tourné le dos il y a trois ans ?..... Maintenant, c’est trop tard, tout ce qu’il me reste d’elle, c’est le prénom de mon fils. Si j’ai autant insisté pour l’appeler comme ça, c’est uniquement parce que Gwen me hantait nuits et jours et que j’aurais voulu que ce soit notre fils à elle et moi plutôt que celui de Romain. Mais rien n’est jamais parfait et maintenant, elle est partie…. ***** - T’es sûre que tu ne veux pas en parler Eva ?- Oui maman j’en suis sûre alors arrête de me demander ça tout le temps s’il te plaît…Nous sommes dans la cuisine toutes les deux et je l’aide à préparer le dîner ce soir dans le maigre espoir d’oublier Gwen ne serait-ce que quelques minutes. Mais rien à faire, ces stupides légumes n’arrivent pas à me faire oublier combien elle me manque. Je renifle une nouvelle fois et essuie une larme qui commence à se perdre sur ma joue d’un revers de la manche. Ma mère a la délicatesse de ne pas faire de remarque sur mes larmes qui s’échappent presque 24h/24 depuis cinq jours. J’ai besoin de faire le point, de comprendre où j’en suis vis-à-vis d’elle, même si mon brusque départ de chez elle la dernière fois ressemble énormément à une rupture. Et même si depuis elle a tenté par tous les moyens de me contacter, j’ai à chaque fois fait en sorte de ne pas avoir à lui parler ni même à l’écouter. Cela n’aurait fait que remuer le couteau dans la plaie. Non, je ne me sens pas encore prête pour me retrouver de nouveau face à elle. Durant tout le repas, je ne prononce pas un mot ou alors juste pour demander à quelqu’un de me passer le plat pour me resservir, comme depuis cinq jours à vrai dire, et à peine mon assiette finie, je monte dans ma chambre. Je ressens le besoin de rester seule depuis ce fameux jour et mes parents l’ont compris donc ne me disent pas grand-chose à propos de ça. Une fois dans ma chambre, je recommence à tourner en rond. Je ne sais pas quoi faire, rien ne me motive mais il faut que je m’occupe si je ne veux pas passer à Gwen. J’opte finalement pour revoir des épisodes d’une série que j’ai déjà finie au moins 3 fois mais bon, ça me changera sans doute les idées. Mais dès les premières minutes, je me rappelle qu’une des actrices de la série ressemble énormément à Gwen, pourtant, ce n’est pas ça qui m’empêche de regarder 2 épisodes à la suite. J’en suis à peu près au premier quart du troisième quand j’entends mon père m’appeler en bas. A contrecœur je mets mon épisode en pause et descend comme il me le demande. - Qu’est-ce qui a ?- Quelqu’un qui veut te parler. Et non, ce n’est pas Gwenaëlle, t’inquiète pas.Je descends les deux dernières marches en poussant un soupir d’exaspération et me dirige vers la porte d’entrée de la maison. Je n’aime pas tellement les surprises, il faut bien l’avouer, alors qu’il ne me dise pas qui veut me voir à tendance à n’énerver un peu, surtout à cette heure-ci. J’arrive enfin à la porte et, la voyant entrouverte, l’ouvre complètement avant de tomber nez à nez avec Marjorie. - Marjo ?! Mais, qu’est-ce que tu fais là ?- Faut que je te parle de Gwen.A cette phrase, je m’appuie contre la porte en soupirant. Moi qui pensais qu’elle était venue voir comment je vais et prendre des nouvelles, voilà qu’elle se pointe pour jouer les porte-paroles. - C’est bon, pas la peine, j’ai pas envie de savoir ce qu’elle veut me dire.Commence-je en fermant la porte avec un petit pincement au cœur de claquer comme ça la porte au nez de Marjorie. Mais je n’ai vraiment pas envie de la voir faire le pigeon voyageur entre Gwen et moi. Pourtant, la blonde retient la porte, m’arrêtant nette dans mon geste. - Attend Eva, je te promets qu’elle n’est pas au courant que je suis là. Faut vraiment que je te parle d’elle, elle a pété un plomb au boulot tout à l’heure.- Quoi ? Comment ça elle a pété un plomb ? Gwen est super sérieuse au boulot.- Justement, c’est la première raison qui a fait que j’ai voulu venir te voir ce soir.- La première ? Parce qu’il y en a plusieurs ?- Elle…. Elle a pleuré aussi.Ok, là, il y avait un gros problème. Ma Gwen ne pleure pas pour rien…. Voire ne pleure pratiquement pas en fait. Et elle ne pète pas de plomb au boulot ! De qui elle me parle là ? C’est peut-être cette question qui me convainc de la laisser parler. Je ne me rends compte que j’ai rouvert la porte qu’au moment où je lui dis d’entrer et de monter dans ma chambre. Une fois là-haut, elle commence à me raconter la soirée qui vient de se passer au restaurant et j’avoue ne pas être sûre de reconnaitre la Gwen que je connais dans celle qu’elle me décrit. - Tu t’en rappelle quand on comparait Gwen à une lionne ? Bah là, elle ressemble beaucoup plus à un pauvre petit chaton qui a perdu sa maman et qui est complètement paumée.- Je… Mais…. Elle…. Qu’est-ce que je peux faire Marjo ? Elle préfère une autre que moi !- Oui, c’est pour ça qu’elle lui a hurlé de sortir de sa vie en plein rush et qu’elle s’est mise à pleurer quand on a prononcé ton nom… Eva, ouvre les yeux putain ! Vous allez mal toutes les deux et quand vous étiez ensemble, vous étiez juste merveilleuses… Viens la voir à la gare demain, au moins pour lui dire au revoir. Tu te rappelles de l’heure ?- Ouais. Ouais j’me rappelle, 18h20 mais…. Je sais pas Marjo, j’suis complètement perdue.- Vous serez deux alors… Eva, tu connais Gwen non ? Alors laisse-lui au moins une chance de s’expliquer.Un silence de ma part suit la dernière phrase de Marjorie. S’expliquer sur quoi ? Sur son baiser avec celle qui lui a brisé le cœur il y a trois ans ? Pourtant, la blonde a peut-être raison : peut-être que je devrais laisser une chance à Gwen de me dire ce qu’il s’est réellement passé ce soir-là. - Ok…. Ok, je viendrais demain.L’amie de mon ex petite amie ne cache pas sa joie lorsque je finis enfin par céder et après des au revoir chaleureux et amicaux, elle quitte la maison de mes parents pour rentrer chez elle. Une fois seule dans le noir dans ma chambre, je commence à tourner la conversation que l’on a eue elle et moi dans ma tête et la décision d’aller voir Gwen demain soir qu’elle m’a faite prendre. Comment a-t-elle pu se mettre dans un tel état en cinq jours ? Et c’est toi qui demande ça Eva ? Alors que depuis cinq jours tu passes tes journées dans ta chambre, les larmes aux yeux, la boule dans la gorge et l’envie de hurler ta douleur à chaque minute de plus que tu passes loin d’elle ? Marjorie a sans doute raison, Gwen et moi sommes faites l’une pour l’autre. La nuit passe puis une nouvelle journée commence. Il est dix heures et je suis encore dans mon lit, ne sachant pas si je dois me lever ou non. Les évènements d’hier soir me semblent soudain si lointains, sont-ils seulement réels ? Ne les ai-je pas tout simplement rêvés ? Mais quelque chose en moi me pousse pourtant à aller voir Gwen une dernière fois en fin de journée. Peut-être simplement parce qu’elle me manque ou bien parce que j’ai envie de comprendre ce qu’il s’est passé. Je suis encore plus perdue que lors de la visite de Marjorie. Je finis pourtant par me lever et vaquer à mes occupations quotidiennes. Sachant qu’il me faut environ 20 minutes pour aller jusqu’à la gare, je décide de partir de chez moi vers 17h45 pour m’accorder un quart d’heure avec Gwen. Pourtant, quelques minutes avant que je parte ma mère m’appelle à l’aide pour je ne sais quoi dans le salon. L’ordinateur qui fait n’importe quoi et bien sûr, comme je fais des études d’informatique, on pense directement à moi pour ça ! Bon, c’est vrai que ça paraît logique mais je commence quand même à m’énerver qu’on me demande de réparer ça alors que je dois partir. Et bien sûr, ma mère a absolument besoin que ce soit fait maintenant, sinon, ce n’est pas drôle. J’essaye donc de faire le plus vite possible, me rendant rapidement compte qu’il s’agit d’un bug mineur, mais cette saloperie de réparation me prend presque le quart d’heure que je voulais prendre avec Gwen. A peine le bug corrigé, je file en courant à l’extérieur de la maison et rentre dans ma voiture que je démarre alors que ma portière est encore ouverte. Sur la route, je conduis légèrement au-dessus des limitations en espérant pouvoir rattraper mon retard, même si cela veut dire ne passer qu’une minute avec Gwen. Cette fois c’est sûr, j’ai vraiment envie de la voir une dernière fois. Non, ce n’est pas une envie, c’est un besoin en fait ! Allez, son train va avoir du retard ! Pitié, faites qu’il ait du retard. J’arrive devant la gare en trombe et me gare comme une merde pas loin de l’entrée. Rien à faire, je suis pressée et personne ne me dit rien en voyant la façon précipitée dont je sors de la voiture avant de rentrer dans la gare. Un rapide coup d’œil au panneau lumineux de la gare pour voir le quai du train de mon âme sœur et je me précipite vers celui-ci. Je finis à peine de grimper les escaliers quand je vois le train se mettre en marche. Non ! Ce n’est pas possible ! Pourtant, il faut croire que si… De dépit, je m’arrête sur place et porte les deux mains dans mes cheveux en me mordant la lèvre. Pourquoi bon sang ? Pourquoi l’avais-je raté de si peu ? - Eva ?! Putain mais où t’étais ?- Je l’ai raté !- Ouais, de pas beaucoup mais bon, t’étais passée où ?- Je l’ai raté Marjo ! Putain, je l’ai raté.- Oui, je sais mais… Calme toi Eva.- Mais putain, je l’ai raté ! Je pouvais pas la rater, je devais pas ! J’avais besoin de la voir, de lui parler et maintenant….. Je l’ai raté, elle est partie…Je craque finalement quand je sens la pression des bras de Marjorie autour de mes épaules et finis par fondre en larmes… Comment est-ce que j’ai pu la louper comme ça ? Pourquoi est-ce qu’il avait fallu que ce foutu ordinateur décide de déconner aujourd’hui ? Pourquoi est-ce que je n’ai pas conduit plus vite ? Pourquoi je n’ai pas pu la voir une dernière fois ? J’ai des dizaines de questions de ce genre qui tournent dans ma tête alors que je continue de pleurer dans les bras de Marjorie. ***** - C’est dingue quand même, elle est partie depuis deux jours à peine mais elle me manque déjà.- T’inquiète, c’est la même chose pour moi. Ca fait tellement bizarre de ne plus la croiser au boulot, de ne plus attendre ses conneries pour détendre l’atmosphère en plein rush…Nous sommes assisses à la terrasse d’un bar Marjorie et moi et discutons bien sûr de Gwen. C’est la blonde qui m’a proposé d’aller prendre un verre pour qu’on puisse parler de ça sans forcément mettre tout le restaurant au courant de nos affaires. J’ai accepté sans la moindre hésitation, ayant envie de me rapprocher un peu de la jeune femme et ressentant le besoin de parler de ce départ avec quelqu’un qui connait bien Gwen. Nous avons commandé il y a quelques minutes mais nous avons directement commencé à discuter de notre amie. Je m’apprête à lui répondre que c’est pareil pour moi quand je suis coupée par une voix derrière moi. - Scuse-moi d’être en retard Marjo, un p’tit problème à régler pour mon…. Ah….. J’peux savoir ce que Cruella fout là ?- J’pourrais te retourner la question Cerbère !Lâche-je d’un ton froid après m’être retournée vers elle à sa première phrase. Je la vois d’ailleurs commencer à ouvrir la bouche pour me répondre sur un ton sans aucun doute sec quand un sifflet nous fait nous tourner toutes les deux vers Marjorie. Ah oui, c’est bien la blonde qui vient de faire ce bruit à en juger par les doigts qu’elle retire de sa bouche. - Stop les filles, on se calme ! C’est moi qui vous ai dit à toutes les deux de venir parce qu’il serait peut-être temps de faire la paix toutes les deux non ? On vient de "perdre" toutes les trois une personne à qui l’on tenait et c’est la même alors merde, arrêtez un peu de vous comporter comme des gamines de huit ans.Le discours de la blonde me sèche et je baisse la tête en réalisant qu’après tout, elle a parfaitement raison. Vu le départ de Gwen et la façon dont cela s’est fait, nous n’avons plus aucune raison Eva et moi de nous haïr comme ça… Même s’il est vrai que nos surnoms l’une pour l’autre sont loin d’être les plus affectifs. - Ouais t’as raison miss. Si c’est pour Gwen, j’suis capable de faire un effort.- On sera deux alors.Alors qu’elle vient juste de prendre une chaise pour s’installer entre Marjorie et moi, nos regards se croisent pour la première fois depuis la soirée chez la blonde. Pourtant cette fois, aucune trace de haine, de méfiance ou de défi dans nos yeux, au contraire, on y lit presque du soulagement et une forme de reconnaissance. Ça ne se fera pas du jour au lendemain, nous le savons parfaitement toutes les deux, mais nous sommes capables de mettre nos différents de côté et avancer, voire même, qui sait, de devenir amies. Un serveur apporte la commande de Marjorie et la mienne et en profite pour prendre celle d’Eva avant que l’on ne recommence à parler. De ce que nous disons, il ressort une chose principale : le départ de Gwen a provoqué un grand vide dans nos vies, même si cela ne fait que deux jours qu’elle est partie pour Angoulême. Nous nous attendons presque toutes les trois à la voir pousser une porte et arriver en disant encore une de ses habituelles idioties. Elle avait un don pour faire rire les autres, c’était indéniable, et c’est sans doute ce qui nous manque le plus chez elle. Nous partageons des souvenirs que nous avons avec elle, dans des situations plus ou moins embarrassantes et la tension entre Eva et moi s’efface petit à petit au fil de la conversation. Nous rions toutes les trois de bon cœur aux histoires des autres ou même lorsque l’on raconte nous même un souvenir. - Putain, c’est fou comme cette fille a pu changer nos vies.Finit par lâcher Marjorie en attrapant son verre pour le porter à ses lèvres après une nième explosion de rire de notre part au souvenir évoqué par Eva. - Hey oh, sans vouloir me donner trop d’importance, je pense quand même que je suis celle dont elle a le plus changé la vie autour de cette table.Le ton amusé d’Eva nous force à rire également à sa remarque. C’est vrai qu’en apparence, elle est celle dont la vie a le plus changé en rencontrant Gwen mais si seulement elle savait à quel point elle a changé la mienne aussi… - Elle me manque.- Je crois bien qu’elle nous manque à toutes les trois.- Je confirme…Un étrange silence s’installe entre nous. Comment avait-on pu la laisser partir sans chercher à la retenir ici à tout prix ? De quel droit aurait-on pu faire ça de toute façon ? Elle a décidé de suivre son chemin et ses rêves alors comment aurions-nous pu l’empêcher de le faire par pur égoïsme ? Pourtant… Pourtant, nous sommes là, toutes les trois, à nous demander pourquoi nous n’avons rien fait pour la retenir encore un peu. - J’aimerais quand même être une mouche pour pouvoir la voir en ce moment et savoir ce qu’elle est en train de faire.- Sans doute en train de déballer ses cartons.- Ou déjà en train de faire tourner les têtes des filles d’Angoulême.Nous rions une nouvelle fois toutes les trois quelques secondes avant de nous arrêter, nos pensées de nouveau tournées vers Gwen. Après tout, c’est vrai que j’aimerais moi aussi savoir ce qu’elle est en train de faire en ce moment.
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